C’est sans doute pour mettre un terme au dialogue de sourds qui s’est instauré depuis un certain temps entre le pouvoir et l’aile dure des forces vives, que le colonel Mamadi Doumbouya, a décidé de baisser pavillon, en faisant un clin d’œil à toutes les parties prenantes au processus, à l’occasion de la célébration de l’an 64 de l’indépendance de notre pays ce 02 octobre. En réitérant sa main tendue à tous les acteurs sociopolitiques, censés apporter un grain de sable à la bâtisse de la refondation, dans un langage châtié, prônant les vertus du dialogue et le rassemblement, le chef de l’État donne l’impression de jouer les démineurs, au détriment de l’épreuve de force. Reste à savoir si le discours d’intention se traduira dans les faits.
La célébration du 64ème anniversaire de l’accession de la
Guinée à son indépendance, a lieu en pleine crise politique, marquée par des
menaces d’une mise au ban de notre pays par la communauté internationale. Une
communauté internationale dont les mansuétudes à l’endroit de la junte ont
finalement connu un coup d’arrêt. C’est comme si la trêve accordée au pouvoir
de Conakry n’aura que trop duré. Sans que les fruits ne tiennent la promesse des
fleurs en termes de résultats probants.
Les lignes n’ont pas bougé sur le plan du dialogue inter
guinéen dans la perspective d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Telle
est l’antienne que ne cesse d’entonner l’aile dure des forces vives, composée
des têtes de pont de la classe politique. Celle-ci va jusqu’à accuser le CNRD
de faire preuve d’un snobisme proustien à son endroit. Une élégie qui a fini
par attendrir le gotha des chefs d’Etat de la Cédéao. D’où leur fameux couperet
qui risque de s’abattre sur la tête des dirigeants de la junte, si ces derniers
n’y prennent garde.
Le colonel Mamadi Doumbouya qui, sans vouloir passer pour le
géant Atlas, a profité de cette fête anniversaire pour réitérer son engagement
à sortir son pays de l’ornière. Tout en ‘’rassurant ses compatriotes et les
amis de la Guinée qu’ils ne sont pas du tout animés d’une intention visant à
confisquer le pouvoir. Mais qu’ils sont plutôt déterminés à œuvrer pour un
retour à l’ordre constitutionnel tout en évitant les erreurs du passé.’’
Cette preuve de bonne foi, le président entend l’exprimer
par cette main tendue aux acteurs sociopolitiques, pour ‘’un sursaut
patriotique, au-delà des clivages ethniques et politiques, afin de construire
ensemble la Guinée de demain.’’
Il faut cependant se demander si face à des acteurs
politiques ombrageux, le colonel ne prêche pas dans le désert. Car c’est comme
si nous étions à un point de non-retour en termes de rupture de confiance entre
ces forces vives et la junte. Ce qui présagerait d’avance l’échec du cadre
dialogue créé récemment par décret présidentiel, et dont les facilitatrices ont
été elles aussi cooptées à la veille de cette célébration. A l'allure où va le
train de la transition, la fin du statu quo ante ne sera donc pas pour demain.
Mamadou Dian Baldé