Une bonne brochette de barons de l’ancien régime continue de languir dans les cellules de la maison centrale de Conakry. Cela depuis trois mois. Pour des présumés cas de détournements de deniers publics. Si certaines de ces grosses huiles ont pu momentanément se défaire de l’étau de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief), en s’acquittant de rondelettes sommes, en guise de caution, d’autres par contre font preuve de masochisme. En bottant en touche toutes les accusations de corruption portées contre eux. C’est le cas de l’ancien Premier ministre Kassory Fofana, qui profite de sa casquette de leader politique, pour faire pleurer dans les chaumières, une opinion qui commence à déplorer l’aboulie et l’aphonie de la Crief.
Nombreux
sont les citoyens qui sont restés sur leur faim, au sortir de l’audience qui
s’est déroulée le jeudi dernier, devant la première chambre d’instruction de la
Crief. Audience qui a donné lieu à un face-à-face entre Dr Kassory Fofana et le
parquet de cette juridiction d’exception.
L’accusé
avait été convié à cette séance, pour débattre dans le fond, de tout ce qui lui
est reproché par cette cour, devenue la bête noire des anciens dignitaires.
Mais voilà
qu’au terme de cette audience qui a traîné en longueur, rien d’officiel n’a
filtré. Le procureur spécial Aly Touré, n’ayant pipé mot sur les charges
portées contre Ibrahima Kassory Fofana. Un silence assourdissant qui ne pouvait
qu’apporter de l’eau au moulin des groupies et autres trolls de l’ancien
Premier ministre, qui dénoncent une procédure judiciaire escamotée.
Une manière
de conforter la défense dans sa technique de rupture, visant à parler de procès
politique, dont le but serait d’anéantir les ambitions d’éventuels candidats à
la future présidentielle.
La
convocation de Cellou Dalein Diallo devant la Crief pour un présumé
détournement, lors de la cession d’un Boeing de la défunte compagnie Air
Guinée, sous la deuxième république, n’aura fait qu’alimenter les suspicions
sur la démarche de la Crief.
Certains
observateurs pensent qu’à cette allure, la Crief aurait intérêt à sortir de son
atonie, pour accélérer la cadence. En levant un coin du voile sur ce qui est
reproché aux différents inculpés. Quitte à couper l’herbe sous les pieds des
mauvais augures qui se plaisent à anathématiser l’institution judiciaire. Pour
démontrer qu’elle ne manque pas de ressort, outre mesure.
Au regard de
toutes ces critiques, frisant la caricature, on peut en déduire que la Crief a
bon dos.
Mamadou Dian Baldé