Autant le pouvoir de
Conakry se caparaçonne contre les tirs nourris des ONG de défense des droits
humains, en faisant dans le déni, autant la communauté internationale ne démord
pas, et continue de pousser les feux contre le régime. Même l’Union Africaine,
d’ordinaire très accommodante avec les princes qui nous gouvernent sous les
tropiques, a jeté un gros pavé dans la marre du président Alpha Condé, dans un
rapport très accablant sur les violations des droits humains enregistrées ces
dernières années en Guinée. Un véritable camouflet.
Les rapports des ONG de défense des droits humains, comme Amnesty
International, Human Rights Watch et la FIDH sur le caractère peu regardant de
nos autorités en matière de respect des droits humains, on en a enregistrés à
foison depuis 2010.
Tous aussi corrosifs les uns que les autres. Mais la nouveauté
dans cette flopée de critiques, c’est bien ce récent rapport de la Commission Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples de l’Union Africaine (UA) qui ne fait pas non plus de
cadeau au régime de Conakry.
Tout comme le Burundi, le Tchad, le Mali, la Guinée, figure dans
le lot de pays dont ‘’les gouvernements ont institué de plus en plus de
restrictions et de coupures d’Internet, tout en ordonnant aux entreprises de
bloquer l’accès aux médias sociaux à l’approche des élections et à la suite des
élections.’’
D’après toujours ce rapport de l’Union Africaine, la Guinée détient également la palme en termes
d’interdiction de manifestation publique et de
répression ainsi que des arrestations des organisateurs de ces attroupements.
Le cas emblématique de Oumar Sylla alias Foniké Mengué, l’une des figures du Front
national pour la défense de la Constitution (FNDC), plateforme hétéroclite, qui
fut le porte flambeau de la lutte anti-troisième mandat d’Alpha Condé, a été cité par l’UA. Comme si l’argumentaire ayant
prévalu à la condamnation de ce militant prodémocratie et faisant mention de « participation à un attroupement interdit
susceptible de troubler l’ordre public », était tout simplement fallacieux.
A noter qu’après les ONG
internationales comme Human Wright Watch, Amnesty international ou des pays
occidentaux comme les Etats Unis, c’est désormais l’Union Africaine qui épingle
Conakry où le panafricanisme est particulièrement revendiqué.
Ce rapport de l’Union Africaine qui
tombe à pic, relèverait sans doute d’un cas de conscience. Car par rapport à
toutes les tueries enregistrées dans notre pays ces dernières années,
l’institution panafricaine n’a pipé mot. Quid des élections controversées ayant
engendré tous ces morts ? Là aussi, ça toujours été motus et bouche cousu.
Que l’UA en vienne in fine à passer la
soufflante au pouvoir de Conakry, ne serait aux yeux des défenseurs des droits
humains que du pain béni.
Et comme si cette vague d’indignations
et de condamnations qui vise nos gouvernants était loin de son épilogue, c’est
le pays de l’Oncle Sam, qui remet une louche, en conseillant à ses citoyens de
se garder de fréquenter la Guinée. Pour cause de pandémie et d’instabilité. Avec
l’épée de Damoclès des sanctions qui plane désormais sur la tête du pouvoir de
Conakry, c’est à se demander si les chantres de ce fameux troisième mandat ne
risquent pas de regretter amèrement d’avoir mis notre pays sur le registre des
états infréquentables.
Mamadou Dian Baldé