Éditorial : La junte doit lever la tête du guidon

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  • 16 mai 2022 11:14

  • Politique

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L’interdiction des manifestations de rue par le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) vient une nouvelle fois de hérisser le poil aux opposants à la junte, dont le sang n’aura fait qu’un tour, en apprenant cette mesure prise dans la foulée de l’adoption du chronogramme de la transition par le Conseil national de la transition (CNT). Comme une réponse du berger à la bergère, l’aile dure des forces vives y est allée sans apprêts ni ambages, pour dénoncer cette décision qu’elle qualifie de liberticide et d’antidémocratique. Cette alliance hétéroclite de partis politiques et de mouvements de la société civile, qui refusent d’aller à Canossa, n’écartent pas de recourir à la rue, pour tordre le bras à la junte. On peut donc dire sans risque de se tromper qu’il y a vraiment de l’électricité dans l’air. De quoi raviver le spectre des violences politiques dont notre pays détient le pompon dans la sous-région.

Depuis l’adoption du chronogramme de la transition par le CNT, le 11 mai dernier, à une large majorité des conseillers, la tension est montée d’un cran dans la cité. Cette poussée d’adrénaline entre la junte qui semble avoir la tête dans le guidon et une frange des forces vives qui refuse d’être traitée en comparse, dans la gestion de la transition, agite de plus en plus les esprits dans le landerneau.

Car si cette pilule du CNRD semble amère, donc difficile à avaler pour Cellou Dalein et ses pairs, y compris le RPG arc-en-ciel, cet allié de circonstance, ce n’est pas le cas pour le BL, le PEDN et le PADES, dont les leaders sont plus accommodants vis-à-vis de la junte.

A propos de cette durée de 36 mois adoptée par le CNT, M. Kouyaté, Dr Faya et Dr Kaba, sans oublier Bah Oury, pensent qu’il n’y a pas le feu au lac. L’essentiel étant pour ces personnalités que la transition se déroule sans anicroche, en privilégiant le bien commun. Une lecture que ne partage pas l’aile dure des forces vives, y compris le FNDC, qui accuse le CNRD de gestion unilatérale de la transition. Ce groupe voudrait un cadre de dialogue inclusif, où ses voix seront prises en compte. Mais pour leurs détracteurs, ces gens ne seraient que des esprits chagrins, nostalgiques de la transition de 2010, où l’orgie financière était la règle.

On se souvient de ce fameux gouvernement de large ouverture, dont la primature avait échu à Jean-Marie Doré. Avec une forte présence de syndicalistes et des cadres issus de la société civile. Qui ont laissé un énorme trou dans nos finances de près de 10 mille milliards soit près de 100 millions d’euros.

Si l’on s’en tient donc à cette hypothèse d’école, ce serait à n’en pas douter, le refus du colonel Mamadi Doumbouya d’ouvrir les vannes du trésor public, à la merci des appétits politiques, qui serait en réalité la cause de cette agitation dans les rangs de ses opposants.

Une guerre d’intérêts pour cette classe politique, qui considère le pouvoir comme une fin en soi.

Mais vu que « la paix est le premier des besoins comme la première des gloires », pour parler comme Napoléon Bonaparte, il serait loisible pour le CNRD de lâcher du lest, en prêtant une oreille attentive à la revendication des indignés. Afin d’éviter que le ciel de la transition ne soit obscurci par des nuages noirs, pour des vétilles.

Dian Baldé

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