Le NDI vient de boucler à Conakry une mission d’évaluation technique de la transition. Celle-ci a consisté à une série de concertations sous forme de focus groups afin de répertorier les attentes prioritaires des parties prenantes au processus de transition ouvert depuis le 5 Septembre. Arrivant à un moment où de plus en plus la classe politique milite pour plus d’inclusivité, la mission a elle aussi recommandé aux autorités à travailler à inclure tous les acteurs sociopolitiques en vue de l’élaboration d’un projet politique transitoire concerté.
Mieux valait tard que jamais, voilà que depuis quelques
jours, le ministère de l’administration a ouvert des concertations avec les
partis politiques réunis en coalition. Naturellement, on est tenté de
s'interroger sur les raisons des autorités à ne jamais vouloir tantôt s’ouvrir
et ainsi donner sens à la racine « rassemblement » du CNRD ? Serait-il autant
difficile pour les militaires comme dans une compétition électorale, d’admettre
qu’ils peuvent aller à la mort et co-diriger le pays avec les politiques ?
A l’analyse de la démarche du CNRD, on se rend bien compte
que stratégiquement, la junte déroule tout tranquillement son agenda. Et ce, à
commencer par les exigences de la Cédéao. En guise d’exemples, alors que
l’organisation lui avait intimé de libérer sans condition le président déchu
Alpha Condé, ce dernier est jusqu'à encore prisonnier de Mamadi. Ou encore, à
la session de la Cédéao du 11 septembre 2021, les chefs d’Etat exigèrent par
ailleurs, la tenue des élections les 6 mois suivant leur irruption dans le
champ politique. Malgré l’insistance assourdissante de la Cédéao, hier, il
faisait 6 mois que le Conseil National du Rassemblement pour le Développement
préside à la destinée de la Guinée. En bons militaires, Mamadi et ses collègues
ont su faire du CNT, le bouclier parfait pour se prémunir de l’ire de la
communauté des Etats d’Afrique de l’ouest qui ne cesse de rappeler à leur
intelligence qu’ils devraient y aller vite et ne point se résoudre à vouloir
refonder l’Etat ou rectifier les institutions.
Une telle approche ayant aussi l’avantage de ne pas subir un
autre agenda, ne fonctionne pas cependant à tous les coups. C’est donc par
stratégie que le CNRD a bien voulu céder à l'insistante demande d’ériger un
cadre de dialogue. Notamment il lui aurait été difficile de continuer à
soutenir qu’il n’y avait pas nécessité de nommer un médiateur parce que ça ne
criait pas dans la cité. Alors que la classe politique a récemment demandé
l’envoi d’un facilitateur. Quid de l’impact sur l’image de la transition d’une
éventuelle tenue de manifestations ? Chose qui nous ramènerait dans le schéma
de l’intensification des manifs sous Alpha pour exiger dialogue et respect de
la constitution. Et cela, le colonel n’en voudra pas parce qu’il devra
continuer à justifier son coup de force !
Kabinet Fofana