Après avoir applaudi des deux mains, l’avènement d’une junte militaire
au pouvoir, le Front national pour la défense de la constitution (FNDC),
plateforme hétéroclite, porte-étendard de la contestation anti-troisième
mandat, donne de plus en plus l’impression d’avoir changé de fusil d’épaule. La
récente sortie de son coordinateur Oumar Sylla alias Foniké Mengué, qui s’en
prend vertement aux méthodes de la CRIEF, vient en effet, conforter les
partisans de cette thèse relative à la fin de la lune de miel entre ce
mouvement qui fut le poil à gratter du régime d’Alpha Condé et les autorités de
la transition. On commence à retrouver les mêmes réflexes d’objecteurs de
conscience, qui firent sa notoriété sous la troisième république, toujours vent
debout contre les moindres faits et gestes du gouvernement. Même si le contexte
est loin d’être le même.
Avec la nouvelle donne politique,
marquée par une redistribution des cartes, après l’éviction du pouvoir d’Alpha
Condé, le FNDC, pour sa survie, a besoin de se réinventer. Et c’est
certainement pour ne pas sombrer dans les oubliettes, que le front fait le pari
d’en découdre avec la junte. En faisant litière de tous les efforts abattus par
le président Mamadi Doumbouya, dans la moralisation de la vie publique. Dont la
mise en place de la CRIEF. Cette institution judiciaire, devenue un véritable
cauchemar pour ceux qui cachent des cadavres dans leurs placards. D’où toute
cette campagne au relent inquisitorial, visant à clouer au pilori, les juges
chargés de traquer les présumés fossoyeurs de notre économie.
Dans cette atmosphère hystérique,
le FNDC, vient de se faire entendre, à travers son coordinateur Foniké Mengué.
Ce dernier vient mettre une louche aux allégations des contempteurs de la
CRIEF, en accusant la cour de faire dans du « deux poids deux mesures ». Dans
sa diatribe, M. Oumar Sylla va jusqu’à exhorter le procureur Aly Touré, à
demander des comptes au colonel Doumbouya, pour une prétendue propriété
immobilière, qu’il détiendrait dans le quartier résidentiel de Kipé.
Les détracteurs du FNDC, tout en
qualifiant cette sortie de grosse boulette, pensent que le mouvement serait en
train de se prendre dans ses propres contradictions. En se faisant le don
quichotte de toutes les causes perdues.
Une manière de dire au FNDC
d’arrêter de tirer à hue et à dia. Et de ne surtout pas se tromper de combat.