A moins qu’il y ait le concours d’un événement prodigieux, à 24 heures
de la manifestation de rue projetée par la coordination du Front national pour
la défense de la constitution (Fndc), tout porte-à-croire qu’on a atteint le
point de non-retour. C’est le moins qu’on puisse affirmer, vu que la
coordination est restée impassible au pathos du Premier ministre Mohamed
Béavogui, appelant au dialogue. La tête plongée dans le guidon, les frondeurs
voudraient en effet, en découdre avec la junte, qu’ils accusent d’être la
mauvaise conscience de la transition. Une transition que le Fndc a appelée
pourtant de tous ses vœux, pour contrer le pouvoir liberticide du régime déchu,
qui subjuguait les populations par la violence. Mais la lune de miel avec le
Cnrd aura duré le temps d’une rose. En témoigne cette confrontation en
perspective.
La récente immersion
gouvernementale dans les provinces intérieures aura permis une certaine
acclimatation des idées chez nos dirigeants. Ces ministres de la République,
contraints par nécessité de service, de quitter leur confort habituel, pour une
plongée dans l’arrière-pays, en sont revenus tout groggy. Ayant constaté
eux-mêmes de visu, les dures réalités auxquelles les populations provinciales
sont confrontées dans leur quotidien. Un quotidien qui n’a rien d’un long
fleuve tranquille. Cet extrait du discours du Premier ministre résume à lui
tout seul ce constat ahurissant. « Le constat est douloureux, il faut le
reconnaître. Nous avions une compréhension de ce que nous croyions être la
Guinée, mais la réalité est encore plus violente », a reconnu Mohamed Béavogui,
d’un air confit.
C’est au visa de ce tableau
synoptique que le locataire du palais de la Colombe, s’est sans doute ravisé,
pour enfiler au pas de charge la tunique de fauteur de paix. Avec ce discours
compassé, synonyme d’une main tendue faite aux indignés du Fndc. En vue de
décrisper le climat politique, à l’orée d’une marche de protestation contre la
gestion de la transition.
Ce pathos de Mohamed Béavogui,
certes accueilli avec circonspection au sein du landerneau politique, n’aura
cependant pas sublimé outre mesure le Fndc et ses alliés. Qui sont restés de
roc et de marbre. Jurant de ne pas bouger d’un iota de leur posture, tant
qu’ils ne seront pas en face du calife Mamadi Doumbouya. Refusant ainsi d’avoir
affaire aux sous-fifres du calife, qui n’auraient pas selon eux, les coudées
franches pour satisfaire à leurs revendications. Des revendications portant en
partie sur le chronogramme de la transition, dont la durée de 36 mois leur
paraît burlesque.
Le Fndc reste pour le moment
sourd à tout appel au dialogue, préférant adopter une posture guerrière. Dans
sa surenchère, la coordination va jusqu’à accuser « la partie toxique de
l’entourage » du colonel Mamady Doumbouya de préparer un tir de barrage contre
leur marche pacifique.
Le Fndc a dans la foulée, ajuste
sa mire, pour bien viser le procureur général Charles Wright, devenu à leurs
yeux un instrument au service du CNRD, pour des velléités liberticides.