Editorial : Marche du 23 juin, le point de non-retour

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  • 22 juin 2022 14:01

  • Politique

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A moins qu’il y ait le concours d’un événement prodigieux, à 24 heures de la manifestation de rue projetée par la coordination du Front national pour la défense de la constitution (Fndc), tout porte-à-croire qu’on a atteint le point de non-retour. C’est le moins qu’on puisse affirmer, vu que la coordination est restée impassible au pathos du Premier ministre Mohamed Béavogui, appelant au dialogue. La tête plongée dans le guidon, les frondeurs voudraient en effet, en découdre avec la junte, qu’ils accusent d’être la mauvaise conscience de la transition. Une transition que le Fndc a appelée pourtant de tous ses vœux, pour contrer le pouvoir liberticide du régime déchu, qui subjuguait les populations par la violence. Mais la lune de miel avec le Cnrd aura duré le temps d’une rose. En témoigne cette confrontation en perspective.

La récente immersion gouvernementale dans les provinces intérieures aura permis une certaine acclimatation des idées chez nos dirigeants. Ces ministres de la République, contraints par nécessité de service, de quitter leur confort habituel, pour une plongée dans l’arrière-pays, en sont revenus tout groggy. Ayant constaté eux-mêmes de visu, les dures réalités auxquelles les populations provinciales sont confrontées dans leur quotidien. Un quotidien qui n’a rien d’un long fleuve tranquille. Cet extrait du discours du Premier ministre résume à lui tout seul ce constat ahurissant. « Le constat est douloureux, il faut le reconnaître. Nous avions une compréhension de ce que nous croyions être la Guinée, mais la réalité est encore plus violente », a reconnu Mohamed Béavogui, d’un air confit.

C’est au visa de ce tableau synoptique que le locataire du palais de la Colombe, s’est sans doute ravisé, pour enfiler au pas de charge la tunique de fauteur de paix. Avec ce discours compassé, synonyme d’une main tendue faite aux indignés du Fndc. En vue de décrisper le climat politique, à l’orée d’une marche de protestation contre la gestion de la transition.

Ce pathos de Mohamed Béavogui, certes accueilli avec circonspection au sein du landerneau politique, n’aura cependant pas sublimé outre mesure le Fndc et ses alliés. Qui sont restés de roc et de marbre. Jurant de ne pas bouger d’un iota de leur posture, tant qu’ils ne seront pas en face du calife Mamadi Doumbouya. Refusant ainsi d’avoir affaire aux sous-fifres du calife, qui n’auraient pas selon eux, les coudées franches pour satisfaire à leurs revendications. Des revendications portant en partie sur le chronogramme de la transition, dont la durée de 36 mois leur paraît burlesque.

Le Fndc reste pour le moment sourd à tout appel au dialogue, préférant adopter une posture guerrière. Dans sa surenchère, la coordination va jusqu’à accuser « la partie toxique de l’entourage » du colonel Mamady Doumbouya de préparer un tir de barrage contre leur marche pacifique.

Le Fndc a dans la foulée, ajuste sa mire, pour bien viser le procureur général Charles Wright, devenu à leurs yeux un instrument au service du CNRD, pour des velléités liberticides.

 Mamadou Dian Baldé

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