Après plusieurs atermoiements, le colonel Mamadi Doumbouya a fini par trancher le nœud gordien, en procédant à la nomination des membres du Conseil national de la transition (CNT). Mettant ainsi fin à un long suspense qui avait fini par virer au psychodrame. Cette naissance au forceps, a toutefois laissé des traces. Car à peine porté sur ses fonts baptismaux, le CNT concentre déjà les critiques de certains frustrés, dont les éructations contre la composition de cet organe législatif se passent de commentaire.
La fumée blanche, longtemps attendue, s’est enfin dégagée du
palais Mohamed V, dans la soirée du vendredi. À la grande satisfaction des
organisations sociopolitiques. Qui, à force de ronger leur frein, face à la
lenteur accusée dans la composition du CNT, avaient fini par piaffer
d’impatience.
Proférant des jurons à l’encontre du Conseil national pour
le rassemblement et le développement (CNRD), au gré de leurs sorties, dont
certaines au vitriol.
Les plus corrosifs des contempteurs de la junte, accusaient
cette dernière d’avoir des pieds de plomb, à cause d’un éventuel agenda caché.
Cet acte du pouvoir central, constitue un argument à double
détente, qui vient combler les attentes d’un côté, d’une opinion nationale
médusée, et de l’autre, celle d’une communauté internationale à cran contre la
lenteur enregistrée dans la mise en place du CNT.
On en était quasiment à un petit jeu de ping-pong entre les
partis politiques et les autorités de la transition, autour des listes de leurs
représentants devant siéger au sein de cette institution. Avec une classe
politique qui perd son temps à se tirer dans les pattes, comme dans un
clochemerle.
Avec la mise en place du CNT, on entre de plain-pied dans la
transition. Car cette institution chargée entre autres « d’élaborer et de
soumettre pour adoption le projet de constitution, et de veiller sur
l’application de la feuille de route du gouvernement », est un des organes clés
de cette transition, qui est celle de tous les espoirs. Après une décennie de
gouvernance à vau-l’eau, qui a sapé les fondamentaux de l’unité nationale et de
la démocratie dans notre pays. Un pays dont le destin ressemble à celui de
Sisyphe, condamné à pousser éternellement un rocher jusqu’en haut d’une
colline. Vu que nous en sommes à la troisième transition militaire.
Le moment est venu pour les Guinéens, de vaincre le signe
indien. Cela demande de prendre de la hauteur, en se gardant de regarder les
choses par le petit bout de la lorgnette.
Quant à ceux qui ruent dans les brancards contre le rejet de
leurs candidatures ou la nomination de Dansa Kourouma au perchoir, ils
devraient plutôt savoir raison garder. Et s’abstenir de verser dans la
présomption. Pour ne pas être le grain de sable dans la mécanique de la
transition. De nos politiques, on attend plutôt un fair-play sans équivoque.
Mamadou Dian Baldé