Le président de l’Assemblée nationale a profité de son discours de clôture de la première Session ordinaire de son institution, pour plaider la clémence du chef de l’exécutif en faveur des détenus politiques. Une manière d’exhorter Alpha Condé à se débarrasser de ce boulet, en usant de son pouvoir de grâce.
Les vacances
parlementaires de la première législature qui ont démarré ce lundi, tombent à
pic pour Amadou Damaro Camara, qui était au bord du précipice.
Après avoir
été fortement éclaboussé par le scandale des contrats léonins, attribués à des
membres de sa famille. Cette prise illégale d’intérêt dénoncée par une fronde,
menée par un groupe de députés, dont Lounsény Camara, ancien président de la
Ceni, a failli en effet, avoir raison du président du parlement.
Ces trois
mois de vacances parlementaires constituent certes un répit pour Mister Damaro,
mais cela ne signifie nullement la fin du psychodrame.
Comme pour
dire que la hache de guerre est loin d’être enterrée. La béquille communautaire
manœuvrée par le président de l’Assemblée n’ayant pas réussi à fléchir les
frondeurs.
Après avoir
donc senti le vent du boulet, Damaro chercherait à ripoliner son image. Lui qui
a fait ses armes en éreintant l’opposition, à travers des punchlines dont il
est le seul à avoir le secret, subit à son tour le contrecoup de ses envolées
lyriques. Ne dit-on pas que toute médaille a son revers.
Contrairement
à ce que croient ses aficionados, Damaro est loin d’être solide comme un roc.
Son sort ne dépendant que du bon vouloir du locataire du palais Sékhoutouréah.
C’est
d’ailleurs vers celui-ci qu’il vient de se tourner pour implorer la clémence en
faveur des détenus politiques. Dans un discours sirupeux, le président Damaro,
a profité de la clôture de la Session parlementaire, pour flatter l’égo du chef
de l’État, tout en l’exhortant à gracier les détenus politiques.
Mais avant,
il en appelle aux instances judiciaires « à traiter avec diligence, les
dossiers postélectoraux, en instance devant les juridictions. Pour la paix, la
quiétude et le dialogue, tout en respectant la séparation des pouvoirs, socle
de toute démocratie ».
Alpha Condé
qui a déjà accordé sa grâce à quelques détenus, prêtera certainement une
oreille attentive à cette doléance formulée par la deuxième personnalité du
pays, en termes de préséance institutionnelle.
C’est au
moment que les parlementaires s’apprêtaient à faire leurs cartons pour les
vacances, que la nouvelle de la grève de la faim, entamée par une dizaine de
détenus politiques, en détention préventive à la maison centrale, est tombée.
Ces détenus
qui croupissent en prison depuis près de dix mois, dénoncent le traitement de
deux poids deux mesures dont ils seraient victimes au sein de la prison de
Coronthie. Où ils n’auraient même pas le droit de circuler, tandis que
l’administration pénitentiaire serait au petit soin d’une catégorie de
prisonniers, considérés comme étant des privilégies. De quoi accentuer la
pression sur l’exécutif, qui a intérêt à se débarrasser de ce dossier des
détenus politiques, qui devient de plus en plus embarrassant pour Conakry.
Mamadou Dian Baldé