Ils étaient plus de deux millions de Libériens à répondre, ce mardi, à
l’appel des urnes. Ils avaient à élire, 15 sénateurs, leurs députés, mais
surtout leur président de la république. Selon les premières observations,
l’engouement pour les votes était réel tout comme le calme a prévalu de façon
générale, sur l’ensemble du territoire en ce jour si particulier pour la
première nation africaine à avoir accédée à la souveraineté internationale.
Si pour la présidentielle, une
vingtaine de candidats sont partis à l’assaut du fauteuil suprême, il faut
reconnaître que le véritable duel mettait aux prises, George Weah qui s’est
aligné pour la course à sa propre succession et Joseph Boakai l’ancien
vice-président de l’ancienne présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf. La
première victoire de ces élections générales, la quatrième compétition
électorale après la guerre civile et la première sans la présence des Casques
bleus des Nations Unies, est indubitablement l’absence de violences meurtrières
comme celles qui ont entaché les derniers jours de campagne électorale.
L’appel au calme lancé par
l’Union africaine (Ua) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de
l’ouest (CEDEAO) a peut-être joué un rôle déterminant auprès des leaders
politiques et de leurs partisans chauffés à blanc. Certes, ce serait trop tôt de
jubiler, mais, c’est tant mieux si les Libériens ont compris que les élections
ce n’est pas la guerre! Mais le pire reste à craindre, si jamais le fair-play
se fait évincer par les revendications de victoire prématurées de tel ou tel
camp, qui pourront mettre le feu dans la maison. Sans doute, dès ce vendredi,
les premiers chiffres, provisoires bien entendu, sont attendus.
Mais il faudra au moins 15 jours
pour que le verdict final soit connu. Et c’est, justement la période de tous
les dangers! Surtout qu’en Afrique, une règle non écrite mais presque toujours
suivie à la lettre, fait que «l’on n’organise pas les élections pour les
perdre». Ce qui a même donné naissance, sous d’autres cieux, la naissance au
slogan, «on gagne ou on gagne» que certains appliquent à la lettre pour garder,
contre vents et marrées, le pouvoir.
En tout cas, plus que des
affrontements fratricides, c’est de concorde, de paix et surtout d’engagement
dans la lutte contre la corruption, programme de campagne par excellence de
Joseph Boakai, le challenger de George Oppong Weah, que le Liberia a besoin.
Les infrastructures routières sur lesquelles le président sortant a mis
l’accent durant son mandat, tout comme la gratuité des frais de scolarité des
étudiants du public et l’accessibilité de l’électricité au plus grand nombre,
constituent, des chantiers de taille qui attendent encore le prochain président
de la république qui sortira des urnes. Sans oublier l’éternel combat contre la
mauvaise gouvernance et la lutte contre le chômage endémique auquel est
confronté notamment une jeunesse désabusée par les promesses non tenues des
gouvernants.
Et si l’élection du nouveau dirigeant doit être sujette à contestation, toutes les parties doivent tendre à privilégier le recours aux voies judiciaires au détriment des affrontements de rue qui n’auront d’autre résultat que de faire basculer le pays dans le chaos, soit plusieurs décennies en arrière.
WS