La fièvre des coups d'État qui frappe la sous-région, ces derniers temps, a failli gagner Bissau, où le président Umaru Sissoko Embaló, s’en est sorti les braies nettes, d’une tentative de putsch déjouée in extremis, ce mardi. Ce putsch manqué dénote de la volatilité de la situation dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en proie à un phénomène d’instabilité criarde, avec la résurgence des putschs militaires.
On a cru au début à une blague de mauvais goût. Avant que
cette tentative de putsch contre l’homme fort de Bissau, ne provoque un
emballement médiatique. Devenant ainsi l’un des sujets phares de l’actualité de
cette journée du mardi. Tournant en boucle sur les chaînes d’info en continu et
sur les réseaux sociaux.
Les premières bribes d'informations qui étaient relayées
alors, faisaient état de tirs nourris aux alentours du palais présidentiel. Au
moment où le président Umaro Sissoco Embaló présidait un conseil en présence de
son Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et des membres du gouvernement.
Cette situation confuse avait fini par déchaîner les
passions à Conakry, où pro et anti-Embalo se tiraient la bourre. Chaque camp y
allant de son cœur et de ses convictions. Certains avaient même vite fait
d’enterrer ce général, qui n’avait pas du tout des atomes crochus avec l’ancien
président Condé. Dont il avait d’ailleurs flétri le troisième mandat, sans
ménagement.
Umaro Sissoko a fini par reprendre la main, malgré ce déluge
de feu, qui s’était abattu sur son palais. En témoigne sa sortie devant la
presse, pour appeler ses compatriotes au calme. Affirmant dans la foulée que la
situation était ‘’sous contrôle’’ après cette ‘’attaque contre la démocratie’’.
Attaque qui s’est soldée par de nombreux morts et plusieurs blessés graves.
La suite des événements pourrait se corser pour les
putschistes. Et tout laisse présager l’avènement d’une purge au sein de
l'armée, par un président qui a senti le vent du boulet.
La multiplication des coups d'État dans la sous-région ces
derniers temps est la preuve évidente que les militaires reviennent à leurs
premières amours. Ces coups d'État militaires qui ont jalonné la période,
allant de l’aube des années 60 au crépuscule des années 1990. On a certes
assisté à des intrusions d’hommes en kaki, au-delà de cette période qui
constituait une sorte d’âge d’or des putschs.
Cette résurrection des vieux démons de l’ère post-démocratie
constitue une véritable menace pour la stabilité de la sous-région. Avec une
Cédéao qui affiche son impuissance. Dépassée qu’elle est par les événements.
L’organisation sous régionale cristallise en effet, les
rancœurs des populations, qui pointent du doigt son inaction et sa complaisance
envers certains chefs d’Etat, auteurs de tripatouillage constitutionnelle ayant
entamé sérieusement leur crédibilité.
De quoi aiguiser l’appétit des putschistes. Qui une fois au
pouvoir, se gargarisent de discours martiaux. En promettant la main sur le cœur
de remettre l’ouvrage sur le métier. Une manière pour eux de gagner la
sympathie du populo.
Contrairement à Roch Marc Kaboré, IBK et Alpha, le président
bissau-guinéen a eu la baraka. Mais jusqu’à quand ? Quand on sait que ce petit
pays, pauvre, de l’Afrique de l’Ouest n’a jamais été un havre de paix. Ayant
forgé sa réputation par son instabilité et en tant que plaque tournante du
narcotrafic.
Mamadou Dian Baldé