Embaló s’en tire les braies nettes (l’Edito de Mamadou Dian Baldé)

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  • 02 février 2022 12:04

  • Politique

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La fièvre des coups d'État qui frappe la sous-région, ces derniers temps, a failli gagner Bissau, où le président Umaru Sissoko Embaló, s’en est sorti les braies nettes, d’une tentative de putsch déjouée in extremis, ce mardi. Ce putsch manqué dénote de la volatilité de la situation dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), en proie à un phénomène d’instabilité criarde, avec la résurgence des putschs militaires.

On a cru au début à une blague de mauvais goût. Avant que cette tentative de putsch contre l’homme fort de Bissau, ne provoque un emballement médiatique. Devenant ainsi l’un des sujets phares de l’actualité de cette journée du mardi. Tournant en boucle sur les chaînes d’info en continu et sur les réseaux sociaux.

Les premières bribes d'informations qui étaient relayées alors, faisaient état de tirs nourris aux alentours du palais présidentiel. Au moment où le président Umaro Sissoco Embaló présidait un conseil en présence de son Premier ministre Nuno Gomes Nabiam et des membres du gouvernement.

Cette situation confuse avait fini par déchaîner les passions à Conakry, où pro et anti-Embalo se tiraient la bourre. Chaque camp y allant de son cœur et de ses convictions. Certains avaient même vite fait d’enterrer ce général, qui n’avait pas du tout des atomes crochus avec l’ancien président Condé. Dont il avait d’ailleurs flétri le troisième mandat, sans ménagement.

Umaro Sissoko a fini par reprendre la main, malgré ce déluge de feu, qui s’était abattu sur son palais. En témoigne sa sortie devant la presse, pour appeler ses compatriotes au calme. Affirmant dans la foulée que la situation était ‘’sous contrôle’’ après cette ‘’attaque contre la démocratie’’. Attaque qui s’est soldée par de nombreux morts et plusieurs blessés graves.

La suite des événements pourrait se corser pour les putschistes. Et tout laisse présager l’avènement d’une purge au sein de l'armée, par un président qui a senti le vent du boulet.

La multiplication des coups d'État dans la sous-région ces derniers temps est la preuve évidente que les militaires reviennent à leurs premières amours. Ces coups d'État militaires qui ont jalonné la période, allant de l’aube des années 60 au crépuscule des années 1990. On a certes assisté à des intrusions d’hommes en kaki, au-delà de cette période qui constituait une sorte d’âge d’or des putschs.

Cette résurrection des vieux démons de l’ère post-démocratie constitue une véritable menace pour la stabilité de la sous-région. Avec une Cédéao qui affiche son impuissance. Dépassée qu’elle est par les événements.

L’organisation sous régionale cristallise en effet, les rancœurs des populations, qui pointent du doigt son inaction et sa complaisance envers certains chefs d’Etat, auteurs de tripatouillage constitutionnelle ayant entamé sérieusement leur crédibilité.

De quoi aiguiser l’appétit des putschistes. Qui une fois au pouvoir, se gargarisent de discours martiaux. En promettant la main sur le cœur de remettre l’ouvrage sur le métier. Une manière pour eux de gagner la sympathie du populo.

Contrairement à Roch Marc Kaboré, IBK et Alpha, le président bissau-guinéen a eu la baraka. Mais jusqu’à quand ? Quand on sait que ce petit pays, pauvre, de l’Afrique de l’Ouest n’a jamais été un havre de paix. Ayant forgé sa réputation par son instabilité et en tant que plaque tournante du narcotrafic.

Mamadou Dian Baldé

 

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