Plusieurs mois après les élections présidentielles d’octobre 2020, l’Union des Forces Démocratiques de Guinée n’arrive toujours pas à tenir de réunions publiques à son siège en effet de sa fermeture. En raison donc de cet état de fait, l’UFDG a organisé en fin de semaine dernière une assemblée générale via le réseau social Facebook.
« L’Internet militant », plus
précisément Facebook, Twitter ou Instagram devenant le cœur informationnel du
public connecté, l’investissement des réseaux socionumériques par les
politiques est de plus en plus récurrent en Guinée. Dans le rapport annuel de
l’ARTP de 2020, le nombre d’abonnés à Internet mobile est de 6,093 millions
contre 4,815 millions en 2019, soit une augmentation de 26,5% sur la période
indiquée. Du fait aussi de la profusion des forums de discussions et de
l’explosion d’utilisateurs de Smartphones très prisés par les débats autour de
sujets politiques (manifestations de l’opposition, les élections, les
politiques publiques ou les mandats politiques), le réseau social Facebook
devient résolument le cœur informationnel des Guinéens sur la toile. Selon par
exemple une étude du CERF-Guinée réalisée en 2020 : 27,64 % de la
population guinéenne utilise les réseaux sociaux. Au nombre de ceux qui suivent
les réseaux sociaux et s’y informent, 82% le font via le réseau social
Facebook.
A quel point de vue donc ce dispositif
alternatif relève-t-il d’une double approche expressiviste et
contre-hégémonique ?
Exit l’instantanéité par laquelle le
parti rend compte de sa lecture sur les questions sociopolitiques comme l’adaptabilité
du dispositif à l’état d’urgence sanitaire, l’usage du direct Facebook par le
parti présente l’avantage de toucher une foultitude de militants que les
assemblées physiques ne sauraient engranger. Le recours au réseau social
Facebook étant si bien un moyen de contournement au blocage du siège du parti,
la tenue de réunions virtuelles participe d’une approche expressiviste. En ce
sens que si toutes ces périodes le parti n’arrivait pas à communier avec ses
militants, il peut désormais directement convié avec eux y compris ses
partisans, militants et sympathisants disséminés un peu partout dans le monde
et ce, l’effet de partage et de « parabolisation » anticipe la reconfiguration
de l’espace public virtuel. Pis, le caractère alternatif du dispositif Facebook
se rapporte à un véritable rempart au trouble informationnel. Autrement, une
telle action offre tout de même au parti la possibilité d’évaluer son
audience par le truchement de métriques que lui offre le réseau social. En
guise d’exemple, la vidéo du direct comptabilise en terme d’engagement ce
mercredi à 13h 19 GMT : 10.310
partages, 12.337 likes et plus de 7000 commentaires.
Le réinvestissement du numérique par le
parti s’étant amplifié à l’aune de la présidentielle, la pratique reste déterminée
par la forte identité numérique du parti donc sa capacité à influencer
l’opinion publique. Idem en tant que public(militant) les sympathisants agissent
et se constituent un champ politique et médiatique à part entière : Pas
de censure, les internautes y vont selon leur propre cadrage informationnel.
Du point de vue contre-hégémonique, la mise en place d’un
média en ligne dédié aux activités du parti comme la possibilité de faire des directs
Facebook, se rapporte à un modèle hybride associant des community manager et
des social media editor chargés de l’éditorialisation des contenus informatifs
diffusés sur la toile. Par ailleurs, la traduction dans les langues nationales
pour assurer une large communication assure à la démarche un volet intégration.
Cette stratégie vient résoudre le problème de la barrière linguistique pour les
quelques non lettrés qui pratiquent les réseaux sociaux. A ce travail de
traduction dont l’objectif est de concurrencer les émissions en langue de la
radiotélévision nationale par exemple, s’ajoute celui de la « rééditorialisation »
des contenus des sites et des publications d’internautes – les éditeurs du parti procèdent à un travail
d’infomédiation.
En définitive, si l’intégration des
réunions virtuelles est un rempart à la fermeture du siège de l’UFDG, la
difficulté à la pérennisation de cette tendance est liée au contrôle accru que
le gouvernement saurait imposer quant à l’accès à Internet. Même si l’équipe
digitale du parti pourrait en ce moment penser à un mécanisme de contournement,
il est à questionner la fiabilité de cette méthode quand on sait qu’elle n’a
pas su fonctionner autant lors de la présidentielle dernière.
Kabinet FOFANA
Analyste politique
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W6AZzaS0 14 août 2023 03:37
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Boubacar Balde 24 mars 2021 22:30
This is something commendable. This is the only alternative the party has to pursuit.