Pendant que le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, de plus en plus déterminé à battre le rappel de ses troupes, tout en demeurant à l’étranger, profitait d’un meeting organisé samedi par la fédération de Labé pour tirer au bazooka sur la junte, son vice-président Dr Fodé Oussou Fofana lançait au même moment un appel à la classe politique, afin d’adresser en rang serré, un mémorandum au président de la transition. Mémorandum dont le contenu porterait essentiellement sur les préoccupations des forces vives relatives à un retour à l’ordre constitutionnel. Partagé entre amertume et espoir, c’est comme si le principal parti d’opposition commence à se dessiller les yeux. Pour enfin voir la réalité en face.
La direction
de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) multiplie les tirades
contre la gestion alambiquée de la transition. Soupçonnant la junte de vouloir
écarter toutes les voix dissonantes, dans la perspective des futures joutes
électorales, le parti commence à dessiller les yeux.
D’où cet
appel du pied du Dr Fodé Oussou à tous les acteurs sociopolitiques, à resserrer
les rangs, pour faire face aux velléités hégémoniques du CNRD.
Cet appel
lancé samedi dernier lors de l’assemblée générale de son parti aurait pour but
de fédérer les forces politiques, y compris la société civile, pour exiger une
meilleure visibilité et lisibilité du chronogramme de la transition.
Pendant que
la junte est en train de brouiller les cartes. En surfant sur la conjoncture
politique internationale du moment, dont la crise russo-ukrainienne, et le
récent putsch survenu au Niger. Des ruptures stratégiques qui amènent la
communauté internationale à se détourner de la crise guinéenne.
Ce qui ne
peut être que du pain bénit pour les âmes damnées, tapies dans les couloirs du
palais Mohamed 5. Et dont la mission serait de parasiter la transition.
Certains
observateurs assimilent cette main tendue du Dr Fodé Oussou à un combat
d’arrière-garde voire à quelqu’un qui prêche dans le désert. Quand on sait que
les acteurs politiques guinéens, divisés en pro et anti-CNRD ne sont d’accord
que sur leurs désaccords.
Comment
concilier à présent les positions de ceux qui ont pris part au dialogue aux
côtés de la junte, et ceux qui ont boudé ces travaux, sous l’égide des
facilitatrices ? telle est la quadrature du cercle que le vice-président de
l’UFDG tente de résoudre.
Et pendant
qu’il tenait ce discours conciliant, son leader qui s’adressait à ses militants
réunis du côté de Labé, par visioconférence exaltait les foules à rester souder
pour les campagnes à venir.
Jurant sur
ses grands dieux, qu’une fois au pouvoir, il n’y aura plus de discrimination ni
de corruption au sein de l’appareil administratif.
Seule la
méritocratie aura droit de cité, promet-il. Brocardant au passage le leadership
à la noix qui s’est succédé à la tête de notre État depuis l’avènement de notre
indépendance, jusqu’à maintenant.
Un défilé de
bras cassés qui ont contribué à plomber l’avenir de ce beau pays.
Une diatribe
qui en dit long sur la rancœur du président de l’UFDG contre la junte, qu’il
avait pourtant adoubé au départ, avant de raviser. A mesure que le pouvoir se
durcit, le parti fait face au dilemme cornélien qui est le suivant, à savoir
continuer à se démarquer du jeu politique actuel, ou rejoindre la table de
dialogue, tel que défini par le gouvernement. Les jours à venir pourraient nous
élucider sur la posture adoptée par Dalein et ses ouailles.
Mamadou Dian Baldé