Chers compatriote,
J’ai été particulièrement heureux
d’apprendre que mes anciens codétenus El Chérif Bah, Cellou Balde, Ousmane
Gaoual Diallo et Abdoulaye Bah, tous hauts responsables de l’UFDG avec lesquels
j’ai été arbitrairement arrêtés et injustement incarcérés, après avoir passé
ensemble de longs mois de détention ont pu finalement retrouver la chaleur du
foyer familial.
Ma
satisfaction est plus grande, pour le doyen Chérif avec lequel je partageais,
avant son admission à l’hôpital, la même cellule et pour lequel je nourrissais
de sérieuses inquiétudes en lien avec sa santé que je sais fragile, ainsi que
son âge avancé, qui d’un point de vue éthique, est inadapté pour subir les
rigueurs de la prison.
Chers
compatriotes,
La
direction morale que nous entendons donner à notre pays doit nous interdire de
suivre ceux qui nourrissent une obsession maladive et une volonté dévorante de
segmentation de notre pays en des enclaves ethnique en s’amusant à jouer avec
la corde sensible qu’est l’ethnie.
Nous
devons comprendre que cela fait partie de l’un des points d’appui de la
monstrueuse doctrine cynique de ceux qui nous gouvernent et qui consistent à
réduire notre combat, non pas en un affrontement entre visions divergentes,
mais en une opposition et un conflit entre communautés.
Nous
devons refuser de prêter le flanc à ce genre de piège facile.
Combien
de fois allons-nous rappeler à ce gouvernement que la politique du
ressentiment, du cantonnement communautaire et de l’exacerbation des clivages
identitaires n’est pas une recette pour gouverner.
Surtout
que leur propension quasi- addictive consistant à nous mettre dans les enclaves
ethniques n’affecte pas que notre vivre ensemble, elle nuit à notre sécurité et
à notre avenir.
En
ce qui me concerne, les valeurs auxquelles je crois m’interdisent d’entrer en
collision ou en combine avec ce genre turpitude morale, tout simplement parce
que je veux sortir de prison pour sauver ma ” petite tête “.
Chers
compatriotes,
Comme
vous le savez certainement, j’avais été transféré à partir de la prison, au
service cardiologie de l’hôpital Ignace Deen le vendredi 27 Novembre 2020 sur
un tableau ou on soupçonnait une embolie pulmonaire.
À ma
demande et celle de ma famille, un rapport médical retraçant le détail des
pathologies diagnostiquées a été commandé.
Ce
rapport à dresser les diagnostics suivants :
1-
Hypertension artérielle grade 2(HTA Grade II)
2-Broncho-Pneumonie
bilatérale
3-
Hypertrophie surrénalienne droite
Nous
avons appris par la suite que le rapport médical initialement établi par
l’équipe soignante avait été volontairement écarté et éludé par les autorités
de l’hôpital, pour enfin produire une version tronquée qui ne retracerait pas
de manière honnête et sincère les pathologies diagnostiqués.
Ils
ont donc insidieusement écarté dans ce rapport le diagnostic d’embolie
pulmonaire, alors que de fortes probabilités militaient en faveur de cette
pathologie qui est une grande urgence cardio-vasculaire.
J’avais
été soumis à un traitement anticoagulant (Lovenox) qui a été interrompu en
raison des difficultés à surveiller ce type de traitement en milieu carcéral.
Je
ne suis donc pas à l’abri de faire d’autres épisodes de thrombose veineuse,
voire d’embolie pulmonaire.
Il
s’agit là d’atteinte extrêmement grave à la déontologie médicale, que
d’accepter d’aliéner son indépendance professionnelle sur l’autel des
injonctions, des pressions et dividendes politiques.
En
tout état de cause, nous nous réservons le droit, mes conseils et moi, de
saisir le conseil de l’ordre des médecins pour tentative d’homicide volontaire
en lien avec un manque de loyauté à son serment et établissement de certificat
tendancieux et complaisant pouvant porter préjudice à une personne privée de liberté.
Chers
compatriotes,
Il
vous est loisible de poser le constat par vous-même que nous sommes tous autant
que nous sommes, malades à l’intérieur de cette forteresse.
D’Ismaël
Condé, (qui a passé la nuit du samedi à dimanche aux urgences) à Fonikè Menguè
(déjà hospitalisé).
De
Haba à Onivogui en passant par l’iman Baldé de Wanindara et tous les anonymes,
tout le monde traîne une maladie.
Mais
nous tenons parce que nous avons la conviction solidement ancrée que dans
l’intérêt de la lutte pour une Guinée démocratique, débarrassée de la
dictature, au-delà des beaux discours, il faut savoir faire don de sa personne
en acceptant la pression des épreuves, en acceptant de souffrir et en acceptant
de se sacrifier.
Ce
sont là hélas les prix à payer si nous voulons bâtir une société véritablement
démocratique.
Et
ce n’est pas le Président Alpha Condé qui a représenté pour une génération de
Guinéens, notre génération, un symbole national de Constance Politique et de
fidélité à ses idéaux (même s’il les à hélas trahis) pour lesquels il s’était
si longuement battu, parfois avec obsession et entêtement, souvent au prix de
sa liberté, de sa santé et au prix de son équilibre familial, qui me dira le
contraire.
Etienne Soropogui
Président du parti Nos Valeurs Communes
NB: Texte transmis par ses avocats