Près de dix jours après l’évasion spectaculaire opérée à la Maison centrale par un commando dirigé par le sergent Verny Pivi, fils de Jean-Claude Pivi, alias Coplan, la chasse à l’homme se poursuit. La mise à prix de la tête du dernier fugitif du carré d’as, en la personne du colonel Pivi, pour une valeur de 500 millions de francs guinéens, au-delà des quolibets que cela suscite au sein de l’opinion, en dit long sur la dangerosité de l’homme. Cette traque qui suit son cours à marche forcée, sur fond de révélations sur le modus operandi des assaillants, met à nu les failles de notre système carcéral, dont une remise à plat s’impose, dorénavant.
Le feuilleton de la chasse à l’homme, ouverte contre le
colonel Jean-Claude Pivi, suite à l’évasion spectaculaire dont la prison
centrale de Conakry a été le théâtre dans la nuit du 4 au 5 novembre dernier,
se poursuit avec les moyens du bord. Le fugitif et ses complices ayant réussi à
se fondre dans la nature, après avoir semé leurs poursuivants, notamment les
forces spéciales qui étaient en première ligne du front de riposte déployé à
leurs trousses.
Des images de caméras de surveillance, qui ont capté cette
cavale violente au niveau de certains carrefours de la capitale, dévoilées sur
les réseaux sociaux, montrent des forces de sécurité dans leur mauvais jour.
Ne faisant quasiment pas le poids face au commando, qui
était apparemment d’une détermination à toute épreuve. Quand on visionne aussi
l’autre vidéo tournée au niveau de la devanture de la prison, on s’aperçoit de
la facilité déconcertante avec laquelle les membres du commando ont pu pénétrer
dans la Maison centrale.
On se garderait toutefois de blâmer nos agents, quand on
sait que « la critique est aisée et l’art est difficile ».
Le mal étant plus profond qu’il n’y paraît. Cette évasion
n’ayant fait qu’assoir la conviction de ceux qui pensent que le ver était dans
le fruit, dans la gestion de nos prisons passoires. Avec la corruption qui
sévit partout. A l’image de toute notre administration publique, d’ailleurs.
« La corruption correspond à une sorte de privatisation des
services administratifs dont l’utilité n’est reconnue que lorsqu’ils apportent
une rente individuelle », comme l’a décrit Noël Pons dans son ouvrage intitulé
« la corruption, comment ça marche ? ». Parlant de la petite corruption ou
corruption du ventre, dans les pays en développement.
On comprend alors aisément l’ire voire les gesticulations du
garde des sceaux, Alphonse Charles Wright, contre les gardes pénitentiaires.
Dont la plupart ont déjà fait les frais de cette évasion. Même si certains
observateurs plaignent le sort de ce menu fretin. Qui subirait le syndrome du
bouc émissaire, en lieu et place des responsables au plus haut niveau.
Mais comme l’a dit Jean de La Fontaine dans Les animaux
malades, je cite « Selon que vous serez puissant ou misérable les jugements de
cour vous rendront blanc ou noir. »
In fine, bien des gens voient plutôt dans ce raid opéré à la
Maison centrale, un mal pour un bien. Conviant dans la foulée le gouvernement,
à travers le ministre de la Justice à en tirer des leçons, pour changer de
paradigme en matière de politique carcérale. Au lieu de s’étrangler. Charlie
doit redescendre sur terre.
Mamadou Dian Baldé