L’évasion de Moussa Dadis Camara et des autres accusés dans les évènements du 28 septembre continue de faire couler un flot d’encre et de salive en Guinée. Dans l’émission Mirador de la radio FIM FM de ce lundi, 6 novembre 2023, Bah Oury a point la fragilité de l’Etat guinéen.
Selon le président du parti UDRG, « nous sommes sur une
corde raide » qui fait que les autorités doivent en prendre conscience.
« La République est fragile. Et cette fragilité de la
République, dans les circonstances actuelles, doit amener tous les responsables
[que ce soient les autorités de la transition, que ce soient les autres
acteurs, que ce soient le Barreau, les magistrats, les citoyens, les acteurs
politiques et de la Société civile] à faire preuve de responsabilité et de sens
de retenue dans des circonstances exceptionnelles dans l’histoire de la Guinée.
Nous sommes sur une corde raide, il suffit que ça balance d’un côté de manière
brusque pour que tout chavire. Donc, il faut prendre conscience de ce fait.
Deuxièmement, le
procès du 28 septembre 2009, l’organisation de ce procès est un acte courageux
de la part du CNRD et des autorités actuelles de la transition. C’est un
courage et c’était quelque chose d’historique qu’il faut maintenir dans le sens
de la primauté du droit au-delà de toute autre considération et qui peut
impacter négativement le processus de ce procès. Et donc, comme il y a des
processus de recherche en cours, il est important de souligner, dans le
contexte actuel, il faut que les autorités des forces de défense et de sécurité
qui sont à la recherche du fugitif ou des fugitifs, de faire en sorte que
l’intégrité physique de ceux-là, dans des circonstances susceptibles de pouvoir
être réalisées, que leur intégrité physique soit protégée, parce qu’en fin de
compte, ce qui pourra faire grandir la République, ce qui pourra nous faire
aller dans un sens positif, c’est que le droit triomphe quelle que soient les
intempéries, quelles que soient les bourrasques qui peuvent intervenir.
La troisième chose,
c’est de dire, de manière globale, que dans notre pays, on frôle des dangers.
Mais des dangers doivent nous alerter et nous remettre sur les bons rails, dans
le bon sens, pour remettre les fondamentaux dans le sens de consolider le
processus actuel, d’aller dans le sens de la transition, pour que cela débouche
dans des conditions idoines et favorables pour tous.
Quatrièmement, la
gestion d’une transition, indépendamment de la Guinée, dans n’importe quel pays
du monde, c’est la gouvernance la plus dangereuse, la plus difficile et la plus
complexe. Donc, il faut à chaque fois faire attention à ce qu’on fait, à la
manière dont on le fait pour maintenir le cap, maintenir la cohésion, maintenir
la paix civile, maintenir un consensus général qui puisse permettre d’aboutir,
parce qu’il y va de l’intérêt de la Guinée.
Des pays comme l’Espagne, la sortie du régime de Franco n’a
pas été facile. Il y a eu beaucoup de tentatives pour faire revenir les choses
en arrière, mais vaille que vaille, ils ont réussi à aller de l’avant. Nous
aussi, en Guinée, ce sera le cas. Donc, il faut être alerte, il faut être
vigilant, il ne faut pas négliger quoi que ce soit, et il faut aller dans le
sens de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales pour ne
plus qu’on revienne en arrière, pour qu’on aille de l’avant. Et ça, c’est de la
responsabilité des autorités du gouvernement actuel d’accélérer la mise en
œuvre des recommandations des Assises nationales dans le sens de consolider et
réaffirmer la réconciliation nationale en Guinée. Ne rien faire, retarder,
c’est préparer plus ou moins des bombes qui risquent d’exploser à tout moment.
Et ça, le gouvernement actuel a une part de responsabilité dans certaines
lenteurs qui sont dommageables à la sécurité civile et à la sécurité nationale ».
Alpha Mamadou Diallo