Sale temps pour les forces
onusiennes en Afrique ! En effet, poussés à la sortie parce que devenus
indésirables au Mali où le processus de leur retrait progressif a été enclenché
le 1er juillet dernier avec le 31 décembre prochain comme point d’orgue, les soldats
de la paix de l’ONU sont aussi sur la sellette en République démocratique du
Congo (RDC). Dans ce pays d’Afrique centrale, ils sont pris en grippe par les
autorités locales et les populations qui leur reprochent leur impuissance dans
la crise sécuritaire qui frappe de plein fouet le pays dans sa partie
orientale. Et pour faire suite aux incessantes requêtes des autorités de
Kinshasa demandant avec insistance le départ de la Mission de l’organisation
des Nations unies pour la stabilisation au Congo (MONUSCO), le Conseil de
sécurité de l’ONU semble avoir mis fin à ses réticences en faisant un pas dans
le sens de la satisfaction des desiderata de l’Exécutif congolais. En effet, le
16 octobre dernier, il a encouragé les deux parties à présenter un plan de «
désengagement progressif et ordonné » des Casques bleus d’ici le mois prochain.
Une prise de position qui sonne comme une façon ou une autre, de poser les
jalons du retrait de la MONUSCO dont le sort semble, d’ores et déjà, scellé si
ses jours ne sont pas désormais comptés en RDC.
L’ONU doit se poser les bonnes questions
Le moins que l’on puisse dire,
c’est que l’horizon est en train de s’assombrir pour les forces onusiennes de
maintien de la paix qui ne sont pas au bout de leurs peines en Afrique. Et ces
désengagements forcés à la limite du désaveu si ce n’est du camouflet, en cours
de la MINUSMA et probablement à venir de la MONUSCO, sonnent comme un appel à
l’introspection de la part de l’organisation mondiale. Autant dire que l’ONU
doit faire son examen de conscience. Un exercice rendu d’autant plus nécessaire
que les opérations de maintien de la paix de la puissante organisation mondiale
basée à New-York, sont aujourd’hui de plus en plus sujettes à caution si elles
ne sont pas remises en question dans certaines parties de la planète. C’est
pourquoi l’ONU doit savoir se regarder courageusement dans la glace et se poser
les bonnes questions par rapport, d’une part, aux griefs qui lui valent
aujourd’hui les récriminations de ces gouvernements. Et, d’autre part, par
rapport à ce qui apparaît comme un cuisant échec, dans l’accomplissement de sa
mission dans ces pays touchés par des conflits. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Les objectifs des missions sont-ils bien définis et sont-ils en adéquation avec
les besoins des pays touchés et surtout les attentes des populations ? Les
mandats sont-ils vraiment adaptés aux réalités du terrain ? Les conditions de
bonne collaboration avec les autorités des pays hôtes, sont-elles souvent
réunies et empreintes de confiance réciproque ? Autant de questions, loin
d’être exhaustives et qui en appellent certainement d’autres, mais dont les
réponses devraient permettre à l’ONU de revoir sa copie pour autant qu’elle
soit disposée à se remettre en question et animée de la volonté de rectifier le
tir.
Il revient aux autorités maliennes et congolaises de s’assumer
pleinement
Autrement, le risque est grand
pour elle, de voir ses missions de la paix perdre progressivement de leur
attrait et de leur intérêt si elles ne sont pas, à la longue, menacées de
disparition. Car, que ce soit au Mali ou en RDC, sans parler de faillite des
Casques bleus dans leur mission, force est de constater qu’après plusieurs
années de présence renforcée, ces forces onusiennes sont loin d’avoir pu «
créer les conditions du retour de la paix », encore moins de « maintenir la
paix et la sécurité », conformément aux objectifs de telles opérations. En tous
les cas, il est aujourd’hui difficile, pour les populations, de comprendre que
malgré les moyens colossaux déployés, la présence des forces onusiennes ne soit
pas suffisamment dissuasive pour les groupes armés qui continuent de semer la
mort et la désolation sur leur chemin. Et dans le cas d’espèce de la RDC, la
pilule est d’autant plus difficile à avaler qu’en 2013, la MONUSCO avait permis
de mettre en déroute les rebelles du M23 qui tiennent aujourd’hui encore en
otage, l’Est du pays. Autant dire que tant qu’il y aura ce hiatus entre les
attentes des populations et les missions des Casques bleus en fonction de leur
mandat sur le terrain, il sera difficile aux forces onusiennes d’avoir la
pleine et entière confiance des populations. Et de là à être vues comme le
problème plutôt que la solution, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de
franchir quand ils ne voient pas derrière les actions de ces forces onusiennes,
un agenda caché. En tout état de cause, autant il appartient à l’ONU de faire
son examen de conscience en vue d’opérer sa mue, autant il revient aux
autorités maliennes et congolaises à la base de la demande de divorce, de
s’assumer pleinement en travaillant à combler le vide que créera nécessairement
le départ des forces internationales, dans la sécurisation de leurs territoires
respectifs. Seront-elles à la hauteur du défi ? On attend de voir.
« Le Pays »