Hier, 6 août 2023, a expiré l’ultimatum que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a lancé aux putschistes nigériens pour rétablir l’ordre constitutionnel et ce, après avoir imposé de sévères sanctions financières et économiques à Niamey. Le constat est que les tombeurs du président Mohamed Bazoum ont décidé de raidir la nuque, défiant ainsi les têtes couronnées de l’organisation ouest-africaine. Alors, que va-t-il se passer ? Va-t-il pleuvoir du feu sur Niamey ?
La CEDEAO finira par se dégonfler comme un ballon de baudruche
La CEDEAO va-t-elle mettre à
exécution sa menace d’intervention militaire pour faire plier le Général
Abdourahamane Tchiani et ses frères d’armes plus que jamais ragaillardis par le
soutien à eux apporté par Ouagadougou et Bamako ? On attend de voir. Mais tout
porte à croire qu’en dehors des sanctions financières et économiques, les
dirigeants ouest-africains ne franchiront pas le pas en considération de
plusieurs paramètres et non des moindres. En effet, l’Algérie qui partage une
longue frontière avec le Niger, quoi que condamnant le coup d’Etat et appelant
à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, se dit ouvertement opposée à
toute intervention militaire de la CEDEAO chez son voisin. Tout en rappelant la
disponibilité de son pays à contribuer à la résolution de la crise nigérienne,
le président Abdelmadjid Tebboune estime que le recours à la force pourrait
avoir de lourdes conséquences sur l’Algérie. De son côté, la Mauritanie se
montre aussi très circonspecte au moment où des notabilités coutumières au Bénin
mettent en garde le président Patrice Talon contre toute intervention militaire
au Niger qui, disent-elles, entretient des liens socio-historiques avec le pays
du vaudou. Et ce n’est pas tout. Car, à l’issue d’une session tenue le 5 août
dernier, le Sénat nigérian a refusé de donner son quitus au président Bola
Tinubu en vue d’intervenir militairement au Niger au motif que cela pourrait
déstabiliser davantage certaines régions du Nigéria, déjà en proie à des
attaques terroristes. Le Sénat est soutenu dans sa prise de position par
l’opposition politique qui juge « inutile et irresponsable » tout recours à la
force au Niger.
Autant de signaux qui laissent
croire que la CEDEAO finira par se dégonfler comme un ballon de baudruche ;
elle qui, de plus en plus, perd de la cote auprès des peuples qui l’accusent de
se comporter comme un syndicat des chefs d’Etat de la sous-région. Cela est
d’autant plus vrai qu’elle est toujours prompte à sortir le sabre contre les
putschistes alors même qu’elle reste muette face aux tripatouilleurs des
Constitutions qui cherchent à se pérenniser au pouvoir. Même sur le front
anti-terroriste, elle fait montre d’une timidité incroyable si fait que les
peuples ont parfois eu l’impression d’être abandonnés à eux-mêmes. Et comme pour
ne rien arranger, certains dirigeants ouest-africains, de par leur prise de
position, se comportent comme des valets locaux des Occidentaux ; tant ils font
montre de larbinisme et d’obséquiosité et ce, à un moment où les peuples
appellent à la rupture de l’ordre néo-colonial. C’est, du reste, l’un des
reproches faits à Mohamed Bazoum dont la proximité avec la France semblait
exaspérer certains de ses compatriotes surtout depuis que, chassés du Mali et
du Burkina Faso, les soldats de Barkhane et de la force Sabre, ont déposé leurs
valises au Niger.
En tout cas, la CEDEAO ne semble
pas avoir fait une bonne lecture de la situation au Niger en exigeant la
réinstallation de Bazoum dans ses fonctions de chef de l’Etat puisque cette
exigence provoque davantage le courroux d’une partie des Nigériens. Peut-être
aurait-elle dû tout simplement réclamer un retour rapide à l’ordre
constitutionnel avec un civil à la tête de l’Etat. Et brochant sur le tout,
elle est allée très loin en lançant un ultimatum aux putschistes tout en
sachant que le pari était fort risqué.
Il urge qu’une solution soit trouvée à la crise nigérienne
En tout cas, à l’allure où vont
les choses, tout porte à croire que le président Bola Tinubu que l’on sait très
à cheval sur les principes de la démocratie, finira par manger… sa chéchia
qu’il arbore fièrement. Car, s’il ne réussit pas à faire plier les putschistes
de Niamey, il boira le calice de l’humiliation jusqu’à la lie. D’autant que
l’histoire pourrait retenir que c’est sous son magistère que s’est effondrée à
jamais l’autorité de la CEDEAO qui court ainsi le risque de mourir de sa belle
mort. Comment va-t-il s’y prendre pour ne pas perdre la face et pour ne pas en
arriver là ? Bien malin qui pourrait répondre à cette question surtout que par
ses décisions, elle a réussi, sans le vouloir, à rendre sympathique la junte
nigérienne. Il urge qu’une solution soit trouvée à la crise nigérienne. Car
pendant que les uns et les autres se disputent le pouvoir à Niamey, les groupes
armés terroristes, eux, ne font que gagner du terrain.
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