Le président ne cache plus ses intentions de vouloir resserrer les boulons, depuis que l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) menace de battre de nouveau le pavé. A l’allure où va le train, c’est comme si l’on tend vers un remake des scenarii apocalyptiques, que la Guinée a connus depuis 2010. De quoi craindre simplement un retour en arrière.

Les déclarations récentes du chef de l’État trahissent carrément son intention à ne pas lâcher la bride à ses opposants. Se substituant à Dame Thémis, Alpha Condé fait planer l’épée de Damoclès sur la tête de tous ceux qui tenteront de troubler la quiétude dans la cité.

Ce message présidentiel semble s’adresser en premier lieu à l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d’opposition, dont les menaces pour une éventuelle reprise des manifestations de rue, se précisent de plus en plus.

Le parti de Cellou Dalein Diallo n’en fait d’ailleurs aucun mystère. Ayant annoncé publiquement son intention de déterrer la hache de guerre, dès la fin des examens nationaux, prévue pour fin juillet.

Son président a profité de la 10ème assemblée virtuelle du parti pour donner un quitus à cette doléance de la jeunesse. Une jeunesse qui voudrait en découdre de nouveau avec les tenants du pouvoir, au lieu de se tourner le pouce. Histoire de prouver que l’Ufdg n’est pas encalminé, loin de là. Ce, malgré le tour de vis sécuritaire qui prévaut dans le pays, depuis le double scrutin du 22 mars 2020.

Le chef de l’État voudrait d’ailleurs en mettre une louche. C’est le moins qu’on puisse affirmer. Surtout qu’Alpha clame la fin de la pagaille, tout en faisant planer l’épouvantail judiciaire sur les « vendeurs d’illusions ». Allusion faite sans nul doute à ses irréductibles opposants, dont le sort pourrait être scellé par un emprisonnement dans les geôles de la Maison centrale, en cas d’embrouille. Comme c’est le cas en ce moment pour plusieurs d’entre eux. L’hôtel 5 étoiles de Coronthie, devenu le lieu par excellence d’expiation des péchés, pour « crime de lèse-majesté ».

A entendre le discours décoiffant du président, on est tenté de dire que l’on tend vers des lendemains qui déchantent. Avec de nouveau, ce face-à-face entre un pouvoir nourrissant le noir dessein de mener son peuple au bâton et une opposition ferme sur ses arçons. Fatiguée d’avaler des couleuvres.

Comme on le voit, le président et son principal opposant se livrent de nouveau à des échanges à fleuret peu mouchetés. Chacun tirant la couverture de son côté, sur fond d’argumentaires bellicistes. Quitte à se tenir par la barbichette, au grand dam de la quiétude dans la cité.

Mamadou Dian Baldé