Le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le
Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad
(HCUA) ont toujours eu en commun la défense de l’Azawad, ce territoire du nord
du Mali, dont les Touaregs ont longtemps réclamé l’indépendance qu’ils ont fini
par proclamer en 2012. Ces trois structures, comptent sans doute affirmer
davantage leur suprématie dans cette partie du Mali. C’est dans cette logique
qu’après avoir tourné le dos à l’Accord de paix de 2015, les trois mouvements
sont devenus un seul corps suite à une fusion qu’ils ont rendue officielle dans
leur bastion de Kidal. Et pour ne rien laisser comme place au doute sur leurs
ambitions, les trois mouvements qui étaient chapeautés par la Coordination des
mouvements de l’Azawad (CMA) envisagent déjà, avec le renfort d‘autres groupes
armés partie au processus de paix, de mettre en branle, la grosse machine de
sécurisation du Nord malien.
Cette union devrait donner des
sueurs froides du côté de Bamako où la junte militaire au pouvoir est plus que
jamais en butte aux attaques armées de terroristes qui endeuillent, sans
distinguo, les populations civiles et militaires. Pourtant, les militaires qui
dirigent la transition malienne, suite à deux coups d’Etat, demeurent davantage
préoccupés par le tapis rouge du palais de Koulouba sur lequel ils marchent
désormais, bras dessus, bras dessous avec leurs nouveaux partenaires russes.
C’est d’ailleurs dans cette logique de mener seuls la barque, que les maîtres
en kaki du Mali ont isolé le pays des certains de ses voisins, et le tiennent
éloigné de tout ce qui pourrait entraver leur sombre dessein. Seul y est
accueilli à bras ouverts l’ours russe. Certains observateurs parlent,
d’ailleurs, plutôt de l’implantation, comme en Libye et en République
centrafricaine, de la société de sécurité privée russe Wagner dont les éléments
sont considérés par des pays et organisations internationales, et surtout des
ONGs de droits de l’homme, comme des «mercenaires» accusés des pires exactions
contre les populations civiles.
Paradoxe des paradoxes, les
autorités de la transition malienne qui brandissent une souveraineté vide et
affirment engranger de grands succès dans la reconquête du grand Mali, le «Mali
ba», se montrent impuissantes alors que semble leur échapper pour de bon, Kidal
et d’autres régions qui sont sous le contrôle entier ou partiel, des groupes armés
qui s’amusent même à s’y livrer bataille, sans aucunement, s’inquiéter de la
présence, ou plutôt de l’absence des Forces armées maliennes (FAMas) et de
leurs partenaires russes.
Où donc est passée la fameuse
montée en puissance de l’armée nationale, elle qui n’arrive pas à récupérer
Kidal, ou tout au moins à garantir la sécurité à tous les citoyens maliens dsur
le territoire national? Les forces de défense maliennes ont-elles abdiqué dans
la lutte pour redonner au Mali son intégrité physique entière? A ce rythme,
Bamako ne sera-t-il pas contraint de reconnaître sa souveraineté à l’Azawad,
portion du territoire dont le Mali est déjà amputée de fait? Contrairement à la
junte malienne, clivante à souhait, qui musèle et divise pour le malheur de
populations en quête d’unité pour gagner le combat du développement, les
mouvements de l’Azawad, eux, optent pour le choix de l’«union qui fait la
force», à moins d’un vent contraire d’égo personnel, qui ne manque jamais de
souffler dans des initiatives de rassemblement, .
En tout cas, sauf à chercher,
dans les plus brefs délais, à replacer l’intérêt du peuple au centre de la
transition et se convaincre pour de bon que le salut du Mali ne se trouve pas
dans son divorce fracassant avec les Occidentaux pour s’amouracher de la
Russie, sur fond d’une souveraineté sans…fond, les hommes forts de Bamako
continueront à compromettre l’avenir d’un pays dont ils sont incapables
d’assurer le présent.
WS