Au Gabon, les élections générales de ce 26 août combineront présidentielle, législatives et locales. Mieux, ou pire, c’est selon, les 846 822 électeurs, initialement appelés aux urnes, disposeront d’un bulletin unique pour porter leurs choix, en même temps, sur le président et le député qu’ils veulent se donner.
L’exercice vient compliquer
davantage la tâche aux électeurs, s’ajoutant à la suppression de plusieurs
bureaux de vote à l’étranger, privant ainsi de leur droit de vote, de nombreux
Gabonais. Si toutes ces innovations ont pour but, selon le Centre gabonais des
élections (CGE), de contribuer à rendre plus facile le système électoral, il
n’en demeure pas moins qu’elles se présentent davantage comme des moyens de
rendre plus aisée, la victoire annoncée du Parti démocratique gabonais (PDG) et
de son champion, Ali Bongo Ondimba (ABO) qui ira, pour la deuxième fois, à la
reconquête du fauteuil hérité de son papa, feu Omar Bongo Ondimba. Un troisième
mandat qui, certes, n’est pas interdit par la constitution gabonaise mais sonne
comme celui de trop. En effet, malgré ses déclarations itératives qui lui
attribuent une forme olympienne, le candidat à sa propre succession se trouve,
bel et bien, ne serait-ce que physiquement, diminué par cet Accident vasculaire
cérébral (AVC) qui l’a foudroyé, le 24 octobre 2018, alors qu’il se trouvait en
Arabie Saoudite.
C’est donc sans doute pour
accroître les chances de ABO pour la présidentielle de ce week-end, qu’en plus
des divers obstacles érigés sur la route de son challenger, la décision de
mettre hors réseau électoral des bureaux de vote de l’étranger a été
malheureusement prise par la structure en charge des élections. Les Gabonais de
ces pays biffés de la liste des centres de vote, sont reconnus, le plus
souvent, hostiles au pouvoir de Libreville. De même, le changement des règles
du jeu en plein match, notamment l’apparition du bulletin unique, n’a d’autre
but que de désorienter les électeurs qui avaient leurs habitudes.
En tout cas, l’opposition qui a
réalisé la prouesse d’aller à cette compétition sous la seule bannière
d’Alternance 2023, en se rangeant en ordre de bataille derrière un seul
candidat, en l’occurrence l’ancien ministre Albert Ondo Ossa, n’est donc pas au
bout de ses peines. Cette union qui peut s’assimiler à une première victoire,
les opposants ayant pour habitude de toujours aller au combat en rangs
dispersés, pourrait bien se terminer par la désillusion, d’autant plus qu’en
Afrique, la règle non écrite, mais implacable est qu’«on n’organise pas les
élections pour les perdre». Sous certains cieux, le slogan du parti au pouvoir
ou de son candidat est même sans appel : « On gagne ou on gagne»!
L’Afrique étant l’un des
continents où les résultats des élections sont connus avant leur tenue, il ne
faut pas être un analyste politique chevronné ou liseur dans une boule de
cristal pour savoir qui sera vainqueur des scrutins de ce samedi 26 août, dont
le seul enjeu sera peut-être l’engouement des populations pour ce triple
vote. Même là, le taux de participation
est souvent fixé selon le bon vouloir du prince. « Les électeurs sont sortis
massivement le soir avant la fermeture des bureaux de vote »! C’est la formule
magique qui gonfle, sans coup férir, les taux de participation. Et facilite
aussi le bourrage des urnes !
Le Gabon de 2023 va-t-il échapper
à cette parodie d’élection qui biaise, et blesse, profondément la démocratie en
Afrique ? Wait and see, dira-t-on à
Libreville, désormais tourné vers le Commonwealth !
WS