Mamady Condé alias « Madic 100 Frontière » et Boubacar Diallo alias « Grenade », deux jeunes détenus politiques et non des moindres viennent de bénéficier de la grâce présidentielle. Ces porteurs d’eau du principal parti d’opposition servent ainsi de cobayes, à une stratégie mitonnée par le chef de l’État, consistant à accorder sa grâce à tous les condamnés de la crise postélectorale, en vue de sortir de ce capharnaüm, par le haut.
Pour ne pas
perdre la face dans l’épreuve de force avec l’opposition, qui lui vaut déjà les
quolibets de la communauté internationale, Alpha Condé multiplie les gestes
d’apaisement. Ainsi, après avoir créé un cadre de dialogue permanent, censé
rabibocher les protagonistes de la crise, le président mise dorénavant sur la
carte de la grâce présidentielle. Un atout maître pour reprendre la main, dans
ce bras de fer où l’exécutif fait figure de méchant. Tandis que l’opposition
passe pour une oie blanche. Ce qui vaut à la Guinée une mise au ban des ONG de
défense des droits humains. Grippant ainsi la machine du sixième mandat, qui a
du mal à atteindre sa vitesse de croisière.
Alpha, en
fin manœuvrier, tente dorénavant de retourner la situation à son profit,
histoire de solder ce lourd passif.
D’où ce
recours à cette botte sécrète de la grâce présidentielle, dont les heureux
bénéficiaires, « Madick100 frontière » et « Grenade » ont déménagé à la cloche
de bois. Tous deux ont loué la magnanimité du « grand timonier », à qui ils ont
attribué de but en blanc le beau rôle dans leur élargissement. De quoi huiler
la machine de propagande de la majorité présidentielle, qui tourne à plein
régime. Faisant dans le grossisme du moindre fait et geste du président.
Ces deux
anciens pensionnaires de la Maison centrale de Coronthie ont en commun d’appartenir
non seulement à l’UFDG, mais aussi d’avoir imploré le pardon du président.
C’est le
lieu de dire d’ailleurs que Boubacar la « Grenade » a eu le nez creux. Car la
prise du décret de grâce s’est déroulée, juste quelques heures après la
diffusion de sa lettre manuscrite adressée au président. Missive dans laquelle,
le jeune détenu conjurait Alpha de le gracier. En concédant ce geste, c’est
comme si le chef de l’Etat avait eu égard à sa supplique. La « Grenade » a donc
eu la main gagnante, c’est le lieu de le dire. Quitte à lui de saisir cette
opportunité pour se défaire définitivement de ses démons.
Quant au
président, l’opinion attend de sa part qu’il répande sa grâce en abondance pour
tous les détenus. Foniké Mengué, Jean Guilavogui, le commandant AOB entre
autres, ne mordront certainement pas cette main salvatrice.
Car comme
l’a dit le Cardinal de Richelieu : « Qui a la force a souvent la raison, en
matière d’État. »
Mamadou Dian Baldé