Macky Sall s’envole pour la Russie avec
dans ses valises, l’arbre à palabres sous lequel les conflits sont réglés selon
la pure tradition africaine. Avec à ses côtés, le président de la commission de
l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, le chef de l’Etat sénégalais et
président en exercice de l’UA, essaiera, au nom de l’Afrique, de partager les
vertus de la paix, avec les voisins Russes et Ukrainiens engagés dans une
guerre annoncée «éclair» mais qui, lancée depuis le 24 février, est en train de
consommer son quatrième mois. Mais plus que le temps qu’elle dure, cette
invasion de l’Ukraine par la Russie, provoque jusqu’en Afrique, une crise sans
précédent dans des pays qui vivent au jour le jour et dépendant fortement des
«France au-revoir», le paquet dans lequel est emballé tout ce qui vient de
l’occident. De plus, les conséquences de la crise qui vont de la hausse
vertigineuse du coût des hydrocarbures donc des transports, du blé, exporté
essentiellement des deux pays en conflit, l’accès difficile aux engrais pour
l’agriculture, etc., ne sont pas pour arranger une Afrique qui est donc très
impactée par cette confrontation entre la Russie et l’Otan, en terre
ukrainienne.
Mais la position africaine ne penche, en tout cas pas
ouvertement, pour aucune des deux nations belligérantes. «Nous voulons la paix,
nous travaillons pour un cessez-le-feu», a clairement signifié le médiateur
parti de Dakar au nom de l’Afrique. Du reste, le Sénégal et d’autres pays
africains ont, sans faux-fuyant, évité de voter pour les résolutions de l’ONU
contre la Russie. Pourtant, en d’autres temps, ils auraient suivi, tête
baissée, les anciens pays colonisateurs dans toutes les prises de sanction
contre tout pays qui entreprendrait de rogner leur influence en Afrique ou
ailleurs dans le monde. C’est même compte tenu des rapports de force en
présence et de cette non-ingérence directe dans des problèmes
occidento-occidentaux, que le «faiseur de paix» qui quitte pour une fois
l’Afrique dans le but de faire cesser un conflit en Europe, n’a pas fermement
coché Kiev à son agenda de périple. D’ailleurs, Macky Sall, au nom de l’UA
avait-il seulement un autre choix que de faire porter la voix, pour ne pas dire
les supplications venues du continent noir, pour l’arrêt de cette guerre que
rien…n’arrête? Surtout que cette invasion de l’Ukraine rythmée par les
bombardements incessants dont les échos résonnent en Afrique, a mis sous
l’éteignoir, les graves crises sécuritaire et humanitaire qui affectent le
quotidien des Africains, et touche même le fond des marmites.
Mettre fin à cette guerre sera salutaire pour le monde entier
car cela limitera, non seulement la liste devenue sans fin des morts, mais
aussi et surtout, les souffrances des populations. Questions: jusqu’où portera
la voix de Macky Sall, donc de l’Afrique, alors que le maître du jeu, Vladimir
Poutine reste sourd à tous les appels et semble ne craindre aucune sanction,
lui, qui a, visiblement, bien préparé sa guerre? Et quelle sera l’action du
médiateur africain en direction de l’Ukraine dont la requête de son président,
Volodymyr-ça rime étrangement avec Vladimir-Zelensky, de s’adresser à ses
homologues africains n’a pas encore rencontré écho favorable auprès du patron
de l’UA? Refus diplomatique à l’heure où la Russie renforce progressivement son
influence sur l’Afrique ou juste un souci de calendrier? En tout cas, quelle
que soit l’issue de la mission de bons offices de Macky Sall pour mettre fin à
la guerre en Ukraine, le fait est assez rare, pour ne pas dire inédit, que
l’Afrique s’implique dans une médiation en occident pour faire taire des armes.
C’est plutôt l’inverse que les Africains voient en ingérence, quand cela ne les
arrange pas!
Pourvu que le grand froid russe ne gèle pas les ardeurs du médiateur venu du pays du soleil et de la Teranga, la légendaire terre de l’hospitalité.