Vingt-huit morts, trente-deux blessés… Ce n’est pas le titre d’un film,
mais plutôt le bilan macabre de trois accidents, enregistrés dans différentes
préfectures de la Guinée en un laps temps : 13 morts à la rentrée de
Kolabougni, une sous-préfecture de Boké, 10 sur le pont de Bady Tondon à
Dubréka et 5 dans la région de Kankan.
Survenu en moins de 24 heures, du
soir du dimanche à la matinée du lundi 13 juin 2022, ce cauchemar de la route,
est l’un des pires que la Guinée a vécu dans son histoire récente. Cependant,
il n’est venu que remettre au goût du jour, ce véritable danger auquel sont
confrontés au quotidien, les conducteurs, mais surtout de pauvres passagers à
qui des proches ont dit ‘’au revoir’’ et n’auront jamais eu l’occasion de
souhaiter ‘’ bonne arrivée’’.
Aujourd’hui, tout comme hier, la
route tue ! Elle tue partout à travers le pays. En pleine agglomération ou sur
les autoroutes et autres routes nationales, les conducteurs de motos, de
voitures, de bus ou de camion- que ces véhicules soient privés ou de transport
en commun- endeuillent impunément des familles, dans des accidents dont ils
sont, en réalité, les coupables de premier degré.
De véritables « s’en fout la mort
» au volant de cercueils roulants, dont le système de freinage laisse à désirer
lorsqu’il n’est pas simplement inexistant, mais dans lesquels se serrent comme
des sardines, des passagers aussi imprudents que fatalistes, ces chauffeurs
souvent sous l’emprise de l’alcool ou d’amphétamines, ne redoutent qu’une chose
sur la route : ne pas arriver à destination à temps. Ainsi, ils sont prêts à
affronter tous les dangers, même la somnolence en pleine conduite pour
effectuer le maximum de voyages. Du coup, toutes les infractions y passent :
surcharges, dépassements hallucinants, défauts d’éclairage et de documents du
véhicule etc. Malheureusement, tout se passe au nez et à la barbe de forces de
l’ordre qui se rendent complices, pour une raison ou une autre, de ces
course-poursuites auxquelles se livrent ces fusées sur terre. Et le plus souvent dans des virages ou autres
endroits où tout conducteur conscient devrait se méfier, surtout quand il tient
entre ses mains, des dizaines de vies innocentes.
En Guinée, le destin étant roi,
tous les accidents sont la volonté de Dieu. On oublie subséquemment l’imprudence
des chauffards, intimement liée à la recherche effrénée de gains et encore plus
de gains des propriétaires de véhicule, en dépit de l’ampleur de la tragédie. «
C’est le sort qui l’a voulu » ou « c’est leur heure qui a sonné »… Ainsi se
raccourcissent les dernières prières sur des cadavres ensanglantés. Si fait
que leurs proches n’auront que leurs
yeux pour pleurer ! Et demain, les mêmes routes tueront encore, dans les mêmes
circonstances ! Et c’est Dieu qui l’aura voulu !
Or, à la lumière des détails de
ces accidents tragiques, s’il faut convenir qu’un accident est logiquement un
fait généralement non souhaité, il faut également admettre l’amer constat,
selon lequel ces accidents de la route, ont, en majorité, comme dénominateur
commun, la bêtise humaine.
A présent, il serait souhaitable
que les autorités prennent la résolution de sévir et d’ouvrir les grilles de la
prison pour ces démons de la route qui ont trop ouvert les portes de l’enfer
pour d’innocents usagers et passagers. Impunément !
Gilles Mory Condé