La partie de poker menteur engagée entre les autorités de la transition et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), commence à prendre une allure de mauvais goût. Entre déclaration et contre-déclaration sur l’éventuel accord de principe arraché au CNRD, en faveur d’une réduction de la durée de la transition à deux ans, les observateurs ne savaient plus à quel son de cloche se fier. Car le fait pour la junte guinéenne de prendre le contrepied de la version avancée par le président en exercice de l’organisation ouest africaine, mettait à mal la crédibilité de M. Umaro Sissoko Embaló, aux yeux de l’opinion. Il aura fallu que nos confrères de Jeune Afrique confirment l’existence bel et bien de cet accord tacite entre les deux hommes d’État, pour dissiper le doute.
Tout est parti de la révélation faite par le président
bissau-guinéen, lors du séjour de Macron dans son pays le 28 juillet dernier,
sur l’accord de principe obtenu auprès du gouvernement guinéen, autour d’une
réduction de la durée de la transition à 24 mois. De but en blanc, le ministre
Mory Condé était monté sur ses grands chevaux pour démentir ces propos du
président en exercice de la Cédéao, à travers un post Facebook. La toile à son
tour, n’avait pas tardé à s’emballer, glosant sur cette démarche du ministre du
MATD, qualifiée alors d’impair voire de politiquement incorrect. Cette levée de
boucliers avait fini par avoir raison du ministre, qui fut contraint de
supprimer le post à polémique. Bien des gens s’étaient demandé d’ailleurs,
quelle mouche avait piqué Mory, qui fait pourtant partie du dernier cercle des
proches du chef de la junte, à contredire Embaló. Au moment où la transition
connaît des soubresauts politiques.
Mais c’était simplement ignorer que le ministre était dans
une posture de « défiance », partagée avec son gouvernement, vis-à-vis de
l’institution régionale.
Il aura fallu cette révélation de nos confrères de Jeune
Afrique, selon laquelle Embalo et Doumbouya s’étaient entendus sur une
transition d’une durée de 24 mois, lors de son séjour effectué le 20 juillet
dernier, à la tête de la délégation de la Cédéao, pour dissiper le brouillard
sur ce quiproquo.
Comme quoi, c’est bien la junte qui serait en train de tirer
à hue et à dia. En donnant du coup l’impression de ne pas être sur la même
longueur d’onde que la Cédéao. A la grande déception des partisans d’une
médiation de l’organisation régionale, pour sortir la Guinée de l’ornière.
En attendant le retour du médiateur Boni Yayi à Conakry, le
processus semble marquer le pays, du fait du durcissement du régime. Qui a
l’air plutôt de vouloir assurer ses arrières, à travers le renforcement de la
coopération bilatérale avec le Mali. L’autre fils prodigue de la Cédéao.
Mamadou Dian Baldé