Des heurts ont éclaté entre de jeunes manifestants et les forces de
l’ordre dans plusieurs quartiers de la capitale. Des barricades ont été
dressées, des pneus brûlés. Une personne aurait été tuée.
Des manifestations contre la
junte au pouvoir en Guinée depuis septembre 2021 se sont déroulées jeudi 28
juillet à Conakry, paralysant la capitale guinéenne, malgré l’interdiction des
autorités et un dispositif policier important. Une personne a été tuée, ont
affirmé les organisateurs, une information qui n’a pas été confirmée par les
autorités.
Cette manifestation, à
l’initiative du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), une
importante coalition de partis, de syndicats et d’organisations de la société
civile, visait notamment à dénoncer la « gestion unilatérale de la transition »
par la junte ainsi que son « refus systématique d’ouvrir un cadre de dialogue
crédible » pour définir les termes de la transition.
L’ancien parti au pouvoir, le
Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) et une autre importante coalition
formée de partis, de mouvements et d’associations, l’Alliance nationale pour
l’alternance et la démocratie (ANAD), avaient également appelé à se joindre au
mouvement de protestation.
Dans plusieurs quartiers, des
heurts ont éclaté entre de jeunes manifestants et les forces de l’ordre, selon
un journaliste de l’Agence France-Presse des barricades ont été dressées, des
pneus brûlés. Et la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser des
groupes qui leur lançaient des pierres. Le parquet a ordonné jeudi des
poursuites contre les organisateurs de la manifestation.
Une « paralysie » réussie
Ibrahima Diallo, responsable des
opérations du FNDC, s’est quant à lui félicité d’avoir réussi cette « paralysie
» du système. Le colonel Mamadi Doumbouya, qui a renversé le 5 septembre 2021
le président Alpha Condé, au pouvoir depuis plus de dix ans (2010-2021), s’est
engagé à remettre le pouvoir à des civils élus dans un délai de trois ans.
S’exprimant à Bissau, au cours
d’une conférence de presse avec le président français, Emmanuel Macron, le
président en exercice de l’organisation des Etats ouest-africains (Cédéao),
Umaro Sissoco Embalo, a assuré avoir convaincu la junte d’accélérer le retour à
la démocratie.
« J’étais à Conakry (…) pour
faire comprendre à la junte militaire la décision du sommet des chefs d’Etat
que la transition ne peut pas dépasser les 24 mois. Eux avaient proposé 36
mois, mais on a réussi à les convaincre », a-t-il dit. En revanche, Ousmane
Gaoual Diallo, ministre guinéen et porte-parole du gouvernement de transition
que « ni le gouvernement ni la présidence ne confirment cette information sur
la durée de la transition en Guinée ».Trois leaders du FNDC avaient été
violemment interpellés le 5 juillet, provoquant de violentes manifestations
spontanées. Ils avaient tous trois été relaxés à l’issue d’un procès où ils
étaient jugés pour « outrage à magistrat ».
Le Monde avec AFP