Enfin dévoilé le nom du Premier ministre. Il se nomme Mohamed Béavogui. C’est un haut fonctionnaire international comme Lansana Kouyaté en 2007 et Kabinè Komara en 2008. Les trois ont pour trait commun d’avoir fait leur arme dans la fonction publique internationale et dans une commune mesure, ils ont été des Premiers ministres de transition si on peut considérer que les soulèvements syndicaux une année avant le décès de Conté avaient bousculé l’agenda politique du président-Général.
Depuis
donc ce mercredi, monsieur Béavogui a la charge de coordonner l’action
gouvernementale. Cité à plusieurs reprises dans des short List à l’entame de
transitions politiques, le colonel n’avait point trop à chercher çà et
là : il a tout simplement fait un raisonnement syllogistique qui soit que
si toutes ces fois dernières le nom de Béavogui est revenu, c’est qu’il a la
besace pleine. Qu’il en a l’étoffe ! Qu’il fera le job ! Celui de
constituer rapidement une équipe de ministres en vue de la mise en œuvre de la
transition.
En
outre, dans le continuum de l’action du discours de rupture déterminée dans le portrait-robot
dressé du Premier ministre, consigné dans la charte et repris dans le discours
de l’an 63 de notre indépendance, le colonel a milité pour un personnage
n’ayant pas encore été mêlé à aucune gouvernance, mais aussi dont le profil
technocratique laisse entendre par le public qu’il sera cette fois mention d’un
gouvernement axé sur la direction, l’engagement et l’alignement.
Comme
l’a dit le Premier ministre « un gouvernement de livrables ».
C’est-à-dire une équipe tournée vers la mise en œuvre de missions, de
livrables. Parmi ces livrables, parlons-en, c’est entre autres : continuer
l’action publique, suivre la mise en route des engagements de l’Etat guinéen. En
sus, le gouvernement aura pour travail de trouver des fonds indispensables à la
tenue des élections locales et nationales. Une seconde explication du choix de
monsieur Mohamed qui relève aussi du bon sens, c’est qu’après le constat établi
d’un précédent contexte politique marqué par un dissensus politique fort du
personnel politique, Mamadi avait besoin de nommer un personnage qui ne soit
pas connu pour son appartenance à un quelconque courant politique en compétition.
Le
sondage de l’Association Guinéenne de Sciences Politiques-Groupe Fréquence Médias
nous apprenait que les populations préféraient un profil politique, ce qui est
dû d’une part à la forte politisation de notre société et d’autre part par le
fait que le militant lui pense déjà aux élections. Invoquer un profil politique
renvoie essentiellement à un cadre de son parti. C’est bien celui qui lui
inspire confiance.
Nommer
donc un Premier ministre, ne fut promesse de Gascogne !
Kabinè Fofana