A peine portée sur ses fonts baptismaux, la nouvelle coalition politique de l’Anad est déjà sur la brèche, avec l’interpellation de deux de ses membres par la police. Si Saïkou Yaya Diallo a été libéré, Kéamou Bogola Haba, lui, pourrait grossir les rangs des locataires de l’hôtel 5 étoiles de Coronthie, cette « maison des enfers », où les opposants au régime, ont désormais leurs ronds de serviettes. Mais l’Anad, comme un trompe-la-mort est loin d’avoir rendu son dernier souffle.
Le changement d’objectif de l'Anad, qui revêt dorénavant les
couleurs d’une alliance politique, est perçu par certains observateurs comme un
baroud d’honneur d’une épreuve de force, ayant tourné en faveur du président
Alpha Condé. Même si Cellou Dalein et ses alliés voudraient démontrer par cette
parade, que leur navire a certes été touché, mais pas encore coulé.
Ce mercredi, une nouvelle alliance politique a été portée
sur ses fonts baptismaux. Il s’agit désormais de la troisième, depuis
l’avènement de la quatrième république. Et non des moindres, puisqu’elle est
portée à bout de bras par l’Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg), la
principale formation politique d’opposition, qui fait contrepoids au parti au
pouvoir.
Tel le phénix, l’Alliance nationale pour l’alternance et la
démocratie entend ainsi se remettre d’aplomb, pour tracer de nouveau son sillon
dans le champ politique. Avec pour ambition de marcher sur les plates-bandes
voire les pieds de l’exécutif.
Les militants et partisans de Cellou Dalein Diallo trouvent
cela tout à fait normal, et même justifié. Car pour eux, c’est leur champion
qui avait le pompon à l’issue de la présidentielle du 18 octobre dernier.
Bien qu’ayant été bloqué au niveau de la dernière marche du
palier, menant au palais. D’où l’avènement de cette alliance pour faire rendre
gorge au pouvoir, que les membres de l’Anad qualifient de « Gouvernement
illégal et illégitime ».
Pour se départir de la basse politique, l’Anad entend mettre
un accent sur la promotion « d’une démocratie pluraliste, participative,
respectueuse des droits humains et des libertés fondamentales ».
Démarche qui doit passer impérativement par la « formation
et l’information des citoyens sur leurs droits et devoirs, afin qu'ils
participent utilement à la consolidation de l'unité nationale, à la vie
politique, économique, sociale et culturelle du pays, dans le respect des lois
de la République ».
Cette plateforme vient redonner des couleurs à l’Ufdg, dont
le président Cellou Dalein Diallo, tête de file par excellence de ce
regroupement de partis, continue de revendiquer la victoire d’un scrutin qu’il
dit avoir emporté avec 53,89%. L’homme, dorénavant mithridatisé contre les
grenouillages politiques, et d’une opiniâtreté à toute épreuve, entend lutter
jusqu’au dernier souffle pour ses convictions.
La cérémonie de ce mercredi lui a d’ailleurs servi de
tribune pour dresser un réquisitoire sévère contre le pouvoir de Conakry. Qu’il
peint en Lucifer, comptable selon lui de plusieurs dizaines de morts. Sans
qu’il n’y ait aucune justice.
La mise en place de cette alliance politique durable, a pour
objectif de « construire dans notre pays une société démocratique et
respectueuse des droits humains », souligne l’opposant.
Pour finir, Dalein justifie la légitimité de son combat par
sa détermination à départir la Guinée des turpitudes du pouvoir d’Alpha Condé.
Comme s’il s’agissait d’un combat du « vice contre la vertu ».
A peine née, l'Anad doit se coltiner avec le gouvernement,
qui vient de lui porter un uppercut. Par le rapt de Bogola Kéamou Haba et
Saikou Yaya Diallo, deux de ses cadres.
Aux dernières nouvelles, le second sera libéré, tandis que
Bogola verra un chapelet de lourdes charges lui tomber sur la tête, comme le
ciel. De quoi précipiter la délivrance de son billet d’écrou, pour l’hôtel 5
étoiles de Coronthie. Cette maison des « enfers » pour les opposants à un
régime qui se raidit de plus en plus.
Mamadou Dian Baldé