Plutôt discrets après le coup d’État du 5 septembre 2021, les coupeurs
de route sont désormais plus actifs que jamais. Les chauffeurs du Fouta-Djalon,
qui parcourent de longues distances sur des routes en mauvais état, sont
particulièrement vulnérables.
À la gare routière règne une
étrange atmosphère. Les taxi-maîtres peuvent patienter ici des jours avant
d’avoir des clients, mais tout le monde n’est plus si pressé de prendre la
route. « Vraiment, maintenant, ça nous fatigue trop, parce que chaque jour, on
enregistre des attaques. » Ce chauffeur restera anonyme. Il est trop risqué de
parler publiquement. « Par exemple, la dernière fois, c’était il n'y a même pas
cinq jours. Sur la route, à l’entrée de Dabola, vers Kankan, ils ont attaqué
l’un de nos chauffeurs là-bas », raconte-t-il.
Les coupeurs de route passent à
l’acte la nuit. Sur les tronçons défoncés et jamais rénovés, ils bloquent les
conducteurs qui ne peuvent pas s’enfuir. « Je sais que si ça continue comme ça,
un jour, mon tour va arriver », craint-il. « Je suis inquiet. On ne peut pas
continuer de vivre comme ça. Une fois 21 heures, 22 heures passées, j’attends
juste que l’on me tire une balle dans la tête. Et cela jusqu’au petit matin. »
Il ne faut pas chercher longtemps
avant de trouver un taxi-maître qui a déjà croisé ces bandits de grand chemin.
« Moi, on m’a attaqué le 5 août sur la route de Dabola. Vers une heure du
matin. Ils étaient quatre, sur deux motos », décrit-il. Les assaillants sont
armés de PMAK. « On nous a poursuivis sur une colline. Cette partie de la route
n’était pas bonne. » Le chauffeur veut changer de métier, « jusqu’à présent, je
roule la nuit ! », en attendant.
« Nous avons subi jusqu’à 45 attaques »
Les attaques ont lieu désormais
dans le Fouta-Djalon, exempté jusqu'à présent. « En 2022, nous avons subi
jusqu’à 45 attaques. Il y a eu une dizaine de morts. », explique Mamadou Tanou
Nadhel Diallo, le secrétaire général du syndicat des transports de Labé, le
CNTG.
Le gouverneur de Labé a pris des
mesures pour renforcer la sécurité. « Il y a moins d’attaques la nuit, car il y
a des brigades mixtes qui sillonnent désormais les alentours de Mamou. Les
problèmes d’attaques sont concentrés au niveau de cette ville du Fouta-Djalon
», poursuit Mamadou Tanou Nadhel Diallo.
Le premier chauffeur interrogé
n’est pas de cet avis. « Les barrages des forces de sécurité ne nous arrangent
pas. Ils ne sont là que pour prendre l’argent. » L’obscurité s’abat sur le
Fouta-Djalon. Au cours de cette nouvelle nuit qui commence, des chauffeurs vont
continuer de risquer leur vie.
RFI