Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), qui dirige le pays, a exprimé lundi 31 juillet son désaccord concernant les sanctions préconisées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) envers les putschistes nigériens. Une prise de position diversement appréciée à Conakry dans le monde politique.
En Guinée, la junte au pouvoir depuis septembre 2021,
dirigée par le colonel Mamadi Doumbouya, affiche son soutien à son homologue du
Niger qui a pris le pouvoir le 26 juillet dernier et elle l’a fait savoir à
travers un communiqué, s’adressant notamment à la Communauté économique des
États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Le Comité national du rassemblement pour le développement
(CNRD), organe dirigeant de la junte guinéenne, affirme dans ce communiqué que
« la prise de responsabilité par le CNSP [Le Conseil national pour la
sauvegarde de la patrie, NDLR] » a suscité l’intérêt et le soutien des
autorités guinéennes envers « les braves populations du Niger ».
Cette prise de position des autorités guinéennes a été
diversement interprétée dans les grands salons et dans les états-majors
politiques à Conakry.
Les soutiens de la junte, eux, approuvent cette prise de
position. Ansoumane Fofana, le président du Parti républicain pour le
renouveau, affirme ainsi : « Le CNRD vient de confirmer la souveraineté de la
Guinée. Le colonel Mamadi Doumbouya prouve que la politique étrangère est
neutre et dont le socle est le panafricanisme. Je dirais à la Cédéao que toute
intervention au Niger sera vue comme un acte de guerre ou comme une
provocation. »
« Le CNRD n’a pas la légitimité d’engager le peuple de
Guinée dans une confrontation » avec la Cédéao
En revanche, pour Cellou Baldé, membres des instances de
l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et de l’Alliance Nationale
pour l'Alternance et la Démocratie (Anad), l’une des principales coalitions
politiques du pays, le CNRD ne doit pas entraîner la Guinée dans cette aventure
: « Le CNRD n’a pas la légitimité d’engager le peuple de Guinée dans une
confrontation avec les institutions de la sous-région, d’autant plus qu’ils ont
souscrit à l’agenda dynamique des 24 mois pour revenir à l’ordre
constitutionnel. Pour moi, ce n’est ni moins, ni plus une velléité de
confisquer le pouvoir, de ne pas respecter les délais par rapport au retour à
l’ordre constitutionnel. »
Pour lui, les dirigeants de ces quatre pays francophones
ouest-africains ont un agenda caché. Cellou Baldé lance : « Ces quatre pays-là
sont en train de vouloir créer un syndicat au sein de l’institution
sous-régionale qu’est la Cédéao et cela constituerait un précédent dangereux
pour la démocratie et l’État de droit. »
Il faut rappeler que cette prise de position du CNRD est
signée par le chef d’état-major des armées, le général Ibrahima Sory Bangoura.
Mouctar Bah (Radio France
Internationale)