Depuis le début des consultations nationales avec les composantes sociopolitiques, le colonel Doumbouya est tout oreille et tout oui aux componctions, et à tout le bataclan émanant de ses interlocuteurs.
Une tribune dont se délecte le chef de la junte pour défiler
son chapelet, dans des discours, à forte dose de récriminations contre la basse
politique et ses effets pervers. La recette semble porter, tant celui qui est
perçu comme un preux chevalier donne l’impression de prêcher des convaincus.
La série de consultations nationales ouvertes avec les
différentes composantes de la vie sociopolitique de notre pays, obéit à un rite
des régimes putschistes, dans leur quête de légitimation. Une manière de
rassurer mais aussi de retourner l’opinion publique, en leur faveur.
Un exercice que le colonel Mamady Doumbouya est en train de
réussir, les doigts dans le nez, en soufflant le chaud et le froid.
Le fait de s’être posé en sauveur d’un pays en vrille, par
la faute d’une oligarchie de fait, crispée sur ses avantages acquis parfois de
manière illicite, donne du chef de la junte, l’image d’un preux chevalier voire
d’un Don Quichotte.
Et la cerise sur le gâteau, ce sont les actes d’apaisement
posés dès le lendemain de la prise de pouvoir par le Conseil national pour le
rassemblement et le développement (Cnrd), dont la libération des détenus
politiques et la réouverture des locaux de l’Ufdg entre autres. De quoi appâter
la galerie.
D’où toutes ces prévenances de l’opinion à l’endroit du
colonel Doumbouya, célébré comme un héros.
Le colonel, bien que très en verve contre les turpitudes de
l’élite civilo-militaire dont les intérêts mercantiles ont plongé la Guinée
dans l’impasse, se garde toutefois de jouer les coupeurs de tête. Comme si le
temps de la terreur était désormais révolu.
Il appelle plutôt à la contrition, au pardon, et à ne pas
jeter le bébé avec l’eau du bain. Une manière de donner la pleine mesure de sa
bonne foi, sans verser dans une illusion enchanteresse.
Une démarche visant à rassurer même le dirigeant déchu et
ses ouailles.
A cette allure, on peut dire sans risque de se tromper que
le charme des putschistes est en train d’opérer. Avec une junte qui ratisse
large au sein d’une population en déshérence.
Aussi bien les politiques, la société civile, que les
opérateurs économiques et les diplomates, tous semblent unanimes sur la volonté
du colonel de trancher le nœud gordien. Nul besoin d'être grand clerc pour se
rendre à l’évidence que le nouvel homme fort nourrit l’ambition de revenir aux
fondamentaux de la bonne gouvernance.
Un chemin dont s’était détourné l’universitaire Alpha Condé
au grand dam d’un peuple, qui a fini par se cristalliser contre son règne.
Ouvrant ainsi un appel d'air à la grande muette.
Maintenant que le peuple est conquis, il revient au Cnrd de
conduire le navire à bon port. Avec pour challenge, de réussir une transition
apaisée.
Mamadou Dian Baldé