Guinée : la recette soft d’un preux chevalier (l’Edito de Mamadou Dian Baldé)

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  • 17 septembre 2021 15:18

  • Politique

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Depuis le début des consultations nationales avec les composantes sociopolitiques, le colonel Doumbouya est tout oreille et tout oui aux componctions, et à tout le bataclan émanant de ses interlocuteurs.

Une tribune dont se délecte le chef de la junte pour défiler son chapelet, dans des discours, à forte dose de récriminations contre la basse politique et ses effets pervers. La recette semble porter, tant celui qui est perçu comme un preux chevalier donne l’impression de prêcher des convaincus.

La série de consultations nationales ouvertes avec les différentes composantes de la vie sociopolitique de notre pays, obéit à un rite des régimes putschistes, dans leur quête de légitimation. Une manière de rassurer mais aussi de retourner l’opinion publique, en leur faveur.

Un exercice que le colonel Mamady Doumbouya est en train de réussir, les doigts dans le nez, en soufflant le chaud et le froid.

Le fait de s’être posé en sauveur d’un pays en vrille, par la faute d’une oligarchie de fait, crispée sur ses avantages acquis parfois de manière illicite, donne du chef de la junte, l’image d’un preux chevalier voire d’un Don Quichotte.

Et la cerise sur le gâteau, ce sont les actes d’apaisement posés dès le lendemain de la prise de pouvoir par le Conseil national pour le rassemblement et le développement (Cnrd), dont la libération des détenus politiques et la réouverture des locaux de l’Ufdg entre autres. De quoi appâter la galerie.

D’où toutes ces prévenances de l’opinion à l’endroit du colonel Doumbouya, célébré comme un héros.

Le colonel, bien que très en verve contre les turpitudes de l’élite civilo-militaire dont les intérêts mercantiles ont plongé la Guinée dans l’impasse, se garde toutefois de jouer les coupeurs de tête. Comme si le temps de la terreur était désormais révolu.  

Il appelle plutôt à la contrition, au pardon, et à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Une manière de donner la pleine mesure de sa bonne foi, sans verser dans une illusion enchanteresse.

Une démarche visant à rassurer même le dirigeant déchu et ses ouailles.

A cette allure, on peut dire sans risque de se tromper que le charme des putschistes est en train d’opérer. Avec une junte qui ratisse large au sein d’une population en déshérence.

Aussi bien les politiques, la société civile, que les opérateurs économiques et les diplomates, tous semblent unanimes sur la volonté du colonel de trancher le nœud gordien. Nul besoin d'être grand clerc pour se rendre à l’évidence que le nouvel homme fort nourrit l’ambition de revenir aux fondamentaux de la bonne gouvernance.

Un chemin dont s’était détourné l’universitaire Alpha Condé au grand dam d’un peuple, qui a fini par se cristalliser contre son règne. Ouvrant ainsi un appel d'air à la grande muette.

Maintenant que le peuple est conquis, il revient au Cnrd de conduire le navire à bon port. Avec pour challenge, de réussir une transition apaisée. 

Mamadou Dian Baldé

 

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