Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF) sollicite la clémence du président Alpha Condé en faveur de certains détenus politiques. La structure évoque notamment les cas d’Etienne Soropogui, Kéamou Bogola Haba, détenus à la maison centrale de Conakry.
Ci-dessous, la lettre
que le CSDF a adressée au président Alpha Condé :
Excellence Monsieur le Professeur,
Le Conseil Supérieur de la Diaspora Forestière (CSDF)
voudrait vous signifier qu’il suit avec un intérêt républicain vos efforts qui
visent à apaiser le climat sociopolitique, en Guinée.
Pour rappel, les dissensions entre votre régime et certains
partis politiques ainsi que certaines forces vives, dont le FNDC, tirent leurs
racines dans le dénouement du double scrutin de 2020 qui, par la suite, a
conduit aux séries d’arrestation de leurs membres. C’est pourquoi, le CSDF
salue la récente libération conditionnelle de quatre détenus, partisans de
l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG).
Ce geste de votre part est un bon signal qui augure votre
volonté de pacification constructive de notre pays ; et ceci est conforme à «
La Déclaration universelle des droits de l’homme [qui] garantit à [chaque
citoyen] les droits économiques, sociaux, politiques, culturels et civils qui
sont le fondement d’une vie à l’abri du besoin et de la peur ». (Extrait de la
Déclaration Universelle des Droits de l’Homme).
Toutefois, le CSDF souhaiterait que vous élargissiez
également Etienne Soropogui, du Parti « Nos Valeurs Communes » ; Mamady
Onivogui du Mouvement « Elazologa » ; et Kéamou Bogola Haba, Porte-Parole de
l’ANAD. Un tel geste de votre part s’alignerait logiquement avec ce que vous
avez amorcé avec les cas de Madic 100 Frontières, un activiste blogueur, et de
Souleymane Condé, Coordinateur du FNDC, aux USA.
Vous avez élargi tous les prisonniers ci-dessus cités pour
des « raisons de santé », entre autres. Cependant, il est établi que les
détenus que sont Soropogui, Onivogui et Haba, originaires de la Guinée
Forestière, sont aussi tous malades. Les assertions des médecins de nos Centre
Hospitaliers Universitaire (CHU)—dont des cardiologues, pour le cas du dernier,
font foi. C’est pourquoi, nous suggérerions que vous acceptiez de bien vouloir
les libérer.
Dans la même ligne de mire du respect d’opinions politiques
des citoyens, le CSDF voudrait respectueusement solliciter que vous libérez les
prisonniers emblématiques suivants, entre autres : (1) Oumar Sylla dit « Foniké
Mangué » du FNDC ; Ismaël Condé, Vice-Maire de Ratoma, tous deux détenus à la
Maison Centrale et (2) la quarantaine de « Forestiers » qui sont confinés dans
les geôles de Soronkoni, depuis les évènements survenus à N’Zérékoré en mars
2020.
Excellence Monsieur le Professeur,
En accomplissant une action de pacification inclusive, vous
cultiveriez une quiétude exclusive en Guinée ; vous unifieriez toutes les
forces Guinéennes ; et ce climat de stabilité stimulerait le développement
socio-économique dont notre pays a tant besoin.
Excellence Monsieur le Professeur,
Nous sommes d’avis que les dissensions au sein de notre
classe politique sont inhérentes à la phase actuelle du cours de notre
développement historico-politique. Cette phase est marquée, entre autres, par
notre apprentissage de Démocratie dans son format occidental. Il est en fait
établi par des politologues, sociologues et historiens que la pratique de ce
type de régime semble apporter des solutions de gouvernance aux jeunes Etats,
comme la Guinée, tout en leur apportant de complexes problèmes de cohabitation
inter-ethniques. Pour mémoire, ce régime politique a été proposé, voire même
imposé, aux ex-colonies française d’Afrique—en ce qui les concerne, lors du
sommet Franco-Africain tenu dans la Commune de la Baule, du 19 au 21 juin 1990.
Excellence Monsieur le Professeur,
Le CSDF est conscient de la problématique que pose la
démocratie occidentale particulièrement en Afrique francophone postcoloniale,
dont notre pays. C’est pourquoi nous sommes d’avis que notre classe politique
devrait d’abord se réconcilier ; et ensuite cultiver la concorde nationale dans
l’intérêt supérieur des Guinéens, sans discrimination.
Au nom de la démocratie, pour laquelle vous avez mené 40
longues années de combat, nous saisissons l’occasion pour vous affirmer les
assurances de notre auguste considération.
Dr. Antoine Nyankoye
Sovogui
Président du BEM/CSDF