Guinée: le difficile travail au marché de Matoto

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  • 03 janvier 2022 09:12

  • Economie

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Le marché de Matoto est l’un des poumons économiques de Conakry. Il est connu pour être la porte d’entrée des produits venus de Guinée forestière. Mais aujourd’hui, les marchands manquent d’espace, l’assainissement fait défaut et rien n’est entrepris pour améliorer les conditions de travail sur le marché.

Au bord de l’autoroute Fidel Castro, pliées en deux, des femmes font le tri des bananes plantain, essaient de récupérer ce qui pourra encore être vendu. « Je suis là pour me débrouiller. Je suis obligée de faire ça parce que j’ai des enfants à nourrir. Je viens ici chaque jour. Par semaine, tu peux gagner 80 000 à 100 000 francs guinéens, ça dépend », dit Hawa Condé. Elle gagne, en moyenne, moins de 10 euros par semaine. « C’est très sale. Regardez. Ça, c’est des restes de bananes mélangés aux ordures ménagères. » 

Une odeur âcre de fumier prend au nez. Ici, le sol est mou, de couleur noire. Le tri des fruits produit beaucoup de déchets et ils ne sont pas ramassés régulièrement. « On en a beaucoup parlé, mais les autorités ne font rien, elles ne viennent pas prendre les ordures tous les jours. »

« Toujours les mêmes promesses qui ne se réalisent jamais »

Une rivière d’eau usée s’écoule dans un fossé rempli d’ordures derrière les vendeuses. Haïssata Sidibé est l’une d’entre elles. « Je commence à 5 heures du matin et je termine à 19 h. Jusqu’à présent le gouvernement ne nous vient pas en aide, c’est toujours les mêmes promesses qui ne se réalisent jamais », déplore-t-elle. 

En 12 ans, elle n’a vu aucune amélioration. « Tu restes courbée pendant des heures pour trier les bananes, ça fait mal au dos. Et quand tu travailles longtemps, que tu veux t’étirer, tu as des vertiges. Ça fait mal, tes yeux te brûlent. Pendant la saison des pluies, à cause des conditions de travail, des champignons peuvent apparaître sur tes pieds, ça fait très mal », dit Haïssata Sidibé. 

Danger et insalubrité

Ici, ce sont majoritairement des femmes qui travaillent, mais il y a aussi quelques hommes comme Sidiki Sano, 19 ans. « C’est lourd quand même, c’est très difficile, ça use. Regarde, je me suis blessé avec le bol », raconte Sidiki. 

Le « bol » c’est cette lourde bassine en fer qu’il porte sur sa tête et qui a fini par lui entailler le doigt. Sidiki Sano décharge les camions sur le marché de Matoto. Il doit se faufiler entre les monticules de bananes plantain. Le sol est dangereusement glissant. « Si je trouve un autre boulot, je vais laisser tomber celui-ci sans hésiter », lâche-t-il. 

Insalubrité, manque de place et d’organisation, le marché de Matoto est devenu au fil du temps un enfer pour ses travailleurs. 

Avec Rfi

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