Le torchon brûle depuis quelques jours entre le Barreau de Guinée et Mohamed Aly Thiam, ancien président de l’Association des magistrats de Guinée. L’arrêt de la Cour d’Appel qui « autorise » monsieur Thiam d’exercer la profession d’avocat n’a pas été du goût du Barreau. Alors que les avocats annoncent le boycott des audiences de la Cour d’Appel du 27 avril au 04 mai, l’Association des Magistrats protestent.
La structure l’a fait savoir à travers une déclaration
rendue publique dans la journée d’hier, mercredi.
Ci-dessous la déclaration :
« C’est avec regret que l’Association des Magistrats de
Guinée (AMG) constate sur les réseaux sociaux et autres canaux de communication
des déclarations de nature belligérante sur une procédure dont le déroulement
aurait dû revêtir le calme des prétoires au lieu du tumulte assourdissant des
joutes oratoires.
La demande d’inscription au tableau de l’ordre des avocats,
la décision de refus rendue par cette institution ordinale, l’appel contre la
résolution du Conseil de I’Ordre des Avocats par le postulant, la décision
infirmative de la Cour d’Appel de Conakry devraient demeurer des actes de
procédure exempts de toute campagne médiatique.
Mais fort malheureusement, la passion possessive des uns et
des autres, l’a emporté sur la tempérance, transformant une simple procédure en
un point brûlant d’actualité.
L’AMG déplore cette situation qui aurait dû connaitre un
dénouement serein.
Manifestement, le point culminant de cette situation
délétère a été l’annonce du boycott des audiences de la Cour d’Appel de Conakry
(du mercredi 27 avril 2022 au mercredi 04 mai 2022), à travers la déclaration
n0002 du Conseil de l’Ordre des Avocats de Guinée, en date du 26 avril 2022.
Une telle mesure, qui n’est pas prévue par la loi, ne peut
faire grief qu’aux intérêts des plaideurs, qui attendent et espèrent le
règlement de leurs affaires dans un délai raisonnable.
L’AMG invite la Cour d’Appel de Conakry à tenir ses
audiences telles qu’elles ont été programmées et à tirer les conséquences de
droit résultant de l’absence de toute partie invitée auxdites audiences.
L’Association demande particulièrement au Premier Président
de la Cour d’Appel de prendre des mesures utiles, afin que l’Autorité de sa
juridiction ne soit ni bafouée, ni perturbée par des pratiques que la loi n’a pas
prescrites.
L’AMG en appelle au sens professionnel du Conseil de l’Ordre
des Avocats à privilégier l’exercice des voies de recours prévues par les
textes de loi notamment : décret D/98/n 01 OO/PRG/SGG du 16 juin 1998 portant Code
de procédure civile, économique et administrative, Loi L/2004/014/AN du 26 mai
2004 portant réorganisation de la Profession d’avocat en République de Guinée
et Loi L/2017/003/AN du 23 février 2017 portant attributions, organisation et
fonctionnement de la Cour suprême.
L’AMG invite le Conseil de l’Ordre des Avocats, face à de
telle situation, à entretenir avec elle un dialogue préventif et constructif
dans l’Objectif qu’à l’avenir la famille judiciaire demeure unie, solidaire et
résiliente face aux faits générateurs de conflits.
Mohamed Diawara,
président de l’Association des Magistrats de Guinée (AMG)