La 10ème journée d’audience, dans le procès du massacre du stade de
Conakry, s'est tenue mardi 25 octobre. Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba
», comparaissait de nouveau. Face aux avocats des parties civiles, l’ancien
aide de camp de Moussa Dadis Camara, qui a juré de dire toute la vérité, s’est
montré beaucoup moins à l’aise que les jours précédents.
Les débats sont redevenus
sérieux, au tribunal, mardi 25 octobre. Alors que « Toumba »se donnait en
spectacle hier, faisant rire régulièrement la salle d’audience, il a semblé
cette fois en difficulté, rapporte notre correspondant à Conakry.
« Monsieur Aboubacar
"Toumba" Diakité, lors de votre récit introductif, vous avez donné
pas mal de détails. Maintenant, pourquoi, lors de votre interrogatoire ici, on
n'a pas eu un tel récit, avec aplomb, pour les événements du stade ? », a demandé
un avocat des parties civiles.
« Toumba » affirme avoir sauvé
les leaders politiques au stade. Mais il n’aurait vu aucun mort, aucun blessé,
n’aurait assisté à aucun viol le 28 septembre 2009.
Se sont manifestées également,
lors de l’audience, les premières tensions au sein de la défense. Alors que «
Toumba » pointe la responsabilité de certains de ses co-accusés dans le
massacre.
« On laisse des gens poser des
questions ou parler ou dire des choses qui n'ont rien à voir avec la procédure.
Un accusé est même allé plus loin en évoquant des versets coraniques ici. Si on
mettait tout le monde à la question pour laquelle le tribunal est saisi, on ne
connaîtrait pas ce genre de digressions », s'est agacé un avocat de la défense.
L’audience a été levée à 17h30 et
l’affaire renvoyée à mercredi.
Des millions de Guinéens attendent de « Toumba » la vérité sur ce qui
s'est passé
Élément central de ce procès, le
commandant « Toumba » Diakité a souvent été dépeint comme le bourreau des
opposants au régime militaire d’alors, rappelle Mouctar Bah à Conakry. Mais
devant la Cour, il apparaît comme un protagoniste par qui une partie de la
vérité pourrait se manifester.
Abdoulaye Djibril Diallo,
directeur de la cellule de communication du procès, suit chaque audience avec
intérêt : « "Toumba" a réussi jusqu’à présent à inverser la tendance,
en tout cas la perception que l’opinion avait de lui comme étant le bourreau
par qui tout est arrivé. Il s’est présenté comme le chantre de la vérité. »
Personnage complexe, les
auditions de « Toumba » Diakité sont suivies par des millions de Guinéens, au
pays comme à l’extérieur, note Djibril Diallo : « Il a même augmenté l’audimat
par la présence des uns et des autres dans cette salle d’audience du palais de
justice, parce que tout le monde s’attendait à ce que "Toumba" puisse
indexer qui a tiré, qui a tué et qui a violé. »
Alors que Dadis Camara apprenait
que les opposants se trouvaient à l’intérieur du stade de Conakry, il aurait,
selon son aide de camp, eut cette formule en envoyant ses hommes : « Il a dit
"Ils vont le regretter, il faut les mâter", il a été clair. »
Arrêté à Dakar en décembre 2016,
« Toumba » Diakité a été extradé vers la Guinée en mars 2017. Il est depuis
écroué à la prison civile de Conakry.
Matthias R