Avec la prestation de serment du chef de l’Etat, le colonel Mamadi Doumbouya, en ce vendredi 1er octobre, c’est une nouvelle page de l’histoire de la Guinée qui s’écrit en lettres d’or. Notre pays amorce ainsi un nouveau départ, synonyme de renouveau démocratique, après une parenthèse chaotique de dix ans d’imposture, marquée par un musellement de l’opposition. On peut de nouveau rêver du modèle d’une société égalitaire, plus solidaire, où la justice sera le cœur de la démocratie.
L’adage nous enseigne « qu’entre deux maux, il faut choisir
le moindre ». C’est ce qui amène
certainement de nombreux guinéens à tirer l’échelle, après le colonel Mamadi
Doumbouya. Pour son coup de force, qualifié de salvateur par bien des citoyens.
Une prise de pouvoir qui redonne de l’espoir à un peuple,
qui était sur les rotules, essoré par les turpitudes d’un régime aux abois.
Transformant le rêve des Guinéens en un véritable cauchemar. Difficile de
croire que nous étions sous le magistère d’un universitaire, de surcroît
opposant historique.
Il y avait loin de la coupe aux lèvres dans la gestion
vertueuse des affaires de la cité.
L’avènement du Conseil national du rassemblement pour le
développement (Cnrd), ne serait donc que la résultante d’un jeu de massacre qui
sévissait au sommet de l’Etat. Où des clans dont les dents rayaient le parquet,
s’affrontaient sabre au clair, pour le contrôle du pouvoir, dans l’éventualité
d’une succession à court terme.
Pendant que le président Alpha Condé, dans son désir de
puissance, refusait de descendre de son olympe. Le château de carte a fini par
s’effondrer, au grand dam du monarque et de ses affidés.
Accueilli comme un deus ex machina, après sa prise de
pouvoir, donne l’air d’être solide de corps et d’esprit.
En tout cas, ses premiers pas sont rassurants et
assimilables à ceux du bon prince. Rien
à voir avec les velléités révisionnistes de ses prédécesseurs.
C’est d’ailleurs sans aucun complexe, que le colonel
Doumbouya est allé se recueillir sur les tombes des victimes de la répression,
au cimetière de Bambéto, et au stade du 28 septembre, qui fut le théâtre d’un
massacre à ciel ouvert, perpétré en 2009 par la junte de Dadis Camara. Un geste
fort, aux allures d’un coming out pour les crimes d’un Etat scélérat.
Maintenant que le règne de l’arbitraire a pris fin, cette
nouvelle ère redonne du baume au cœur aux Guinéens. Qui voient dans la
prestation de serment de ce vendredi, comme le signe d’un nouveau départ. Sans
verser dans un quelconque juridisme.
Espérons que la Guinée des occasions manquées, ait enfin la
bonne carte entre les mains.
Pour sortir définitivement du tunnel, après plus de six
décennies d’un long chemin de croix. Fait de «de larmes, de sueur et de sang »,
comme disait William Churchill.
Mamadou Dian Baldé