Contrairement à la vision des forces vives qui voudraient consigner le rôle du gouvernement de transition à la seule organisation des élections générales, pour ensuite débarrasser le plancher, la junte voit elle les choses sous un autre prisme. Celui de faire coup double, en alliant la gestion du volet politique de la transition à celui du développement. Histoire de rattraper le retard accusé par la gouvernance au fil de l’eau, dont notre pays a souffert durant les décennies antérieures. Avec le seul souci des gouvernants de siphonner les ressources à leur profit. Le Cnrd voudrait démontrer ainsi qu’une transition peut bien poser des actes susceptibles de bénéficier au bien-être des populations, en un court laps de temps. En mode fast-track.
Le Premier ministre Dr Bernard Goumou doit entamer une
tournée ce lundi en province, afin de constater de visu l’évolution des
différents chantiers lancés par son gouvernement. La première étape de ce
périple va porter sur la région administrative de Boké.
Au même moment, le ministre de la Justice et garde des
sceaux, M. Alphonse Charles Wright poursuit une mission de prise de contact
avec les justiciables dans les 33 préfectures de la Guinée.
Les autorités de la transition entendent multiplier de
telles initiatives, censées porter un coup de collier aux différents projets
d’infrastructures en cours dans plusieurs préfectures du pays.
Des projets structurants dont la finalité serait de sortir
nos villes de l’ornière. Car le gouvernement de transition dit nourrir bien des
ambitions pour la Guinée.
Il ne voudrait nullement consigner son rôle à l’organisation
d’élections, comme le souhaiterait la classe politique, dont l’empressement de
reprendre les manettes du pouvoir saute aux yeux.
Une classe politique soupçonnée d’avoir pour seule
préoccupation, celle d’écrémer les faveurs du pouvoir.
Les partisans de cette thèse citent en exemple l’échec de la
gouvernance d’Alpha Condé. Une supercherie qui n’a fait que contribuer à la
désaffiliation des populations pour la chose politique.
Même si les leaders, insiders du game, que sont Cellou et
Sidya, prétendent tirer leur légitimité de la pléthore de militants que leurs
formations politiques draineraient par devers elles, face à un pouvoir
putschiste. Nous n’allons pas occulter Alpha Condé, qui continue de réclamer sa
couronne. Refusant de digérer sa condition de roi déchu et honni.
La vérité des faits démontre cependant, à suffisance, que
les militaires sont en train de surprendre agréablement les Guinéens. A travers
des infrastructures immobilières qui sortent de terre à la vitesse de l’éclair.
Ainsi que le fort accent mis dans la construction des voiries urbaines et
interurbaines, pour le bonheur des populations bénéficiaires.
Des projets pour la plupart initiés certes par le régime
défunt. Mais dont le dilettantisme ne permettait pas d’accomplir les travaux
avec sérieux et panache. Il arrivait d’ailleurs que des fonds destinés au
financement de projets, soient détournés à d’autres fins. Par des cadres qui se
réfugiaient sous les couleurs du parti au pouvoir, pour ne pas passer à la
trappe. Il n’y avait d’ailleurs pas de mouron à se faire, sous un régime qui
s’est illustré par l’impunité.
Des points noirs subsistent toutefois dans ce tableau de la
junte. Il s’agit de ceux relatifs aux violations des droits humains. Qui se
manifestent par des détentions abusives de certains membres de la société
civile. Comme pour dire que tout n’est pas reluisant dans cette transition en
mode fast-track.
Mamadou Dian Baldé