Il s’appelle Cheick Chérif Ousmane Madani
Haïdara. Il est le chef du Haut conseil islamique du Mali. Connu pour n’avoir
pas la langue dans sa poche, il a retenu l’attention de plus d’un à l’occasion
de la nuit du destin qui marque les derniers jours du mois de Ramadan. En
effet, il n’a pas manqué l’occasion, dans son prêche, de revenir sur la gestion
de la transition au Mali, appelant ainsi au passage les plus hautes autorités à
la vigilance et à plus d’ouverture. « Assimi doit être vigilant. Il doit
observer la situation, sinon, les hommes qu’il a choisis vont lui causer des
problèmes », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Vous pouvez vous tromper.
Ouvrez vos portes pour discuter. Que ce soit des politiques, des citoyens,
recevez les bonnes idées (…) Si un pauvre est abusé, le pouvoir tombe ». Pour
un conseil qui sonne comme une sévère mise en garde, c’en est un surtout au
regard de la place de choix qu’occupe le premier responsable du Haut conseil
islamique au Mali.
Cela
dit, il revient au président de la transition, Assimi Goïta, qui est ainsi
interpellé, de savoir se montrer bon prince en arrêtant non seulement d’emprisonner
systématiquement tous ceux qui critiquent sa gestion des affaires, mais aussi
en allant à l’écoute du peuple malien. Car, il a beau être tout- puissant, il
n’est pas un omniscient capable de savoir tout et ce qui se passe partout au
Mali. C’est pourquoi quand on préside aux destinées d’une nation, on doit avoir
le dos large et accepter les critiques, d’où qu’elles viennent.
Goïta a tout à gagner en descendant de son
piédestal afin de rectifier le tir
Certes,
on n’est pas étonné qu’en bon bidasse, Assimi Goïta se montre allergique à la
contestation, mais il oublie que la gestion du pouvoir est avant tout une
affaire politique. Et qui dit politique sous-entend la contradiction et le
débat d’idées. Et pour autant qu’il soit sincère avec lui-même, Goïta, s’il
accepte de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur, doit avoir l’humilité de
reconnaître que tout n’est pas rose au Mali. Loin s’en faut ! A preuve, à
l’insécurité liée au terrorisme qui endeuille quotidiennement des familles,
s’ajoute la vie chère qui a fini par plonger de nombreux ménages dans la misère
au Mali. On oublie volontiers les nombreuses atteintes aux libertés
individuelles et collectives. En témoigne l’embastillement des opposants
politiques et autres activistes. C’est le cas du chroniqueur de renommée,
Youssouf Bathily alias Ras Bath qui, depuis le 13 mars dernier, croupit en
prison pour avoir déclaré que l’ancien Premier ministre, Soumeylou Boubeye
Maïga, a été « assassiné ». Il en est de même pour l’activiste Rokia Doumbia
dite « Tantie Rose », qui a aussi été placée sous mandat de dépôt. Son seul
péché, c’est d’avoir dénoncé la flambée des prix des denrées alimentaires, tout
en relevant que la transition en cours au Mali « est un échec avec un bilan de
0% ». De ce qui précède, on peut affirmer que si l’Imam Haïdara n’était pas une
personnalité religieuse, il y a longtemps que Goïta l’aurait envoyé en tôle.
Goïta a tout à gagner en descendant de son piédestal afin de rectifier le tir.
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