Par une lettre en date du 11 août 2022, largement diffusée sur les réseaux sociaux, le garde des Sceaux, ministre de la Justice et des Droits de l’Homme a enjoint à monsieur le Procureur général, de poursuivre Monsieur Ibrahima Kassory FOFANA et quelques autres pour des infractions de « détournement, blanchiment, corruption et complicité ».
Le caractère médiatique donné à cette lettre, qui devrait
être plutôt destinée à être versée au dossier de la procédure en cours à la
CRIEF, conformément à l’article 37 du Code de procédure pénale, constitue une
violation grave et délibérée du secret de l’instruction et un agissement
délictuel de son ou ses auteurs.
Sans compter qu’un tel agissement constitue également une
violation manifeste et assumée de la présomption d’innocence de M. Fofana, en
ce qu’elle présente M. Ibrahima Kassory FOFANA déjà coupable d’une infraction
pénale aux yeux de l’opinion.
En tout état de cause, les accusations pénales contenues
dans la dénonciation publique du garde des Sceaux ne sont nullement fondées :
En premier lieu et contrairement aux allégations du garde
des Sceaux, la dénonciation contenue dans sa lettre du 11 août 2022 n’est pas
nouvelle.
M. Ibrahima Kassory FOFANA s’en est déjà largement expliqué,
notamment au cours d’un interrogatoire du 29 juin 2022 devant la Justice
guinéenne.
A cette occasion, donné toutes les explications sur les
faits en liaison avec ANIES ont été convenablement fournies, ce qui a
d’ailleurs permis à la Chambre de l’instruction, en l’absence de toute zone
d’ombre, d’envisager d’ordonner la mise en liberté de M. Ibrahima Kassory
FOFANA, assortie d’une caution de 3 milliards de GNF.
En second lieu, la Charte de la transition, les lois
guinéennes ainsi que de nombreux instruments juridiques internationaux de
promotion et de protection des Droits de l’Homme auxquels la République de
Guinée a souscrits, font interdiction au garde des Sceaux de faire engager des
poursuites contre un citoyen (dont M. Fofana, en l’occurrence) pour les mêmes
faits faisant par ailleurs l’objet de poursuites par ailleurs.
Face aux violations nombreuses et récurrentes des droits de
M. FOFANA, celui-ci reste déterminé à la résistance et au combat contre
l’injustice et la violation constante de ses droits par l’Etat de Guinée.
Contre l’instrumentalisation d’une « justice déboussolée » par la junte
militaire, il entend systématiquement réagir par la saisine aussi bien des
juridictions guinéennes que les instances juridictionnelles internationales et
des droits de l’homme.
Fait à Conakry, le 12 août 2022
P/ LE COLLECTIF DES
AVOCATS
Le Bâtonnier Djibril
KOUYATE