L'Afrique pourrait importer cette année 20 millions de tonnes de riz.
Et le double à l'horizon 2035 selon les prévisions. Une demande croissante,
alors que la production de riz local peine à changer d’échelle.
Depuis quelques semaines
l'Afrique multiplie les achats sur le marché du riz. Les importateurs africains
profitent des prix relativement stables du riz indien pour refaire leur stock.
Les besoins du continent en riz importé sont revus à la hausse cette année,
selon la lettre mensuelle d'information sur le marché du riz Osiriz, et
pourraient se monter à 20 millions de tonnes. Soit 3 millions de tonnes de plus
que l'année dernière.
En cause, une demande croissante
dans les centres urbains, mais aussi une production locale qui stagne. Pour des
raisons climatiques d'abord : les sécheresses qui se multiplient sont un vrai
frein à la culture du riz. L'autre raison, c'est le manque de moyens pour
lutter contre les oiseaux qui s'attaquent aux rizières. Face à cette menace
venue du ciel qui entraîne parfois la perte de la moitié de la production, les
banques et les assureurs sont frileux. Les riziculteurs sont donc contraints de
minimiser les coûts de production, et inévitablement les rendements stagnent,
explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Centre de coopération
internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD)
« Un soutien étatique insuffisant
»
L'autre limite à la production
locale, c'est le manque d'engagement réel des États, au-delà des promesses
électorales. « Pour acheter la paix sociale, et garantir un approvisionnement
en riz, à des prix abordables, les gouvernants ont tendance à miser sur le riz
importé plus que sur des investissements qui seront rentables dans 10 ou 20 ans
» constate un négociant en riz.
« Les grands discours
d'auto-suffisance en riz sont trop souvent contredits par les faits », ajoute
notre interlocuteur, qui insiste : « le riz n'est pas un métier qui peut être
laissé à des privés, l'État doit les accompagner sur du moyen et du long terme
pour que les projets soient viables ».
Dans les faits, la production
africaine reste cantonnée à une riziculture de petits producteurs, qui
cherchent à garantir leur consommation et qui peinent à commercialiser leur
surplus faute de réseau de distribution approprié. Des insuffisances qui
expliquent que la plupart des pays africains producteurs de riz en importe
aussi de plus en plus.