Si la volonté du président Alpha Condé, de remettre sur le métier, l’incurie de l’administration publique, est à saluer, il faut toutefois déplorer cette manière de jouer les cerbères dans les ministères, digne d’une intrigue vaudevillesque. Car l’appareil étatique est suffisamment doté d’instruments susceptibles d’imposer une discipline de fer en son sein. Il revient au président, qui ne saurait avoir le don d’ubiquité, de se départir de ses airs de père prodigue. Juste bon à faire peur, sans jamais joindre l’acte à la parole.
C’est sous une pluie battante que le président a été aperçu
lundi dernier, en train d’arpenter les rues de la commune de Kaloum, pour
s’assurer de la présence des cadres dans les départements ministériels.
Des contrôles inopinés auxquels Alpha prend de plus en plus
goût, depuis sa réélection pour un troisième mandat.
Une manière pour lui de faire coup double, en s’offrant
aussi un bain de foule, pour l’occasion.
Avec des badauds qui viennent s’agglutiner le long de son passage,
histoire de ne rien rater au spectacle inédit.
Car on ne le dira jamais assez, Alpha Condé, comme tout bon
populiste, adore battre les estrades.
A défaut donc d’être devant un pupitre, pour haranguer les
foules, sillonner les coins et recoins des couloirs des ministères devient un
ersatz à ce one man show.
Sauf que ces visites présidentielles provoquent des
railleries au sein d’une opinion désabusée par les turpitudes du régime. Un
régime dont le président est finalement l’alpha et l’oméga de toute la
technostructure étatique. Comme s’il était le seul à mettre la main dans le
cambouis.
Le Premier ministre, Dr Kassory Fofana étant réduit à
inaugurer les chrysanthèmes.
Mais à force de vouloir tout ramener à sa personne, le
président contribue à scier la branche sur laquelle il est assis. Et in fine,
c’est tout l’édifice qu’il aura bâti durant son règne, qui pourrait ainsi
s’effondrer comme un château de cartes, une fois qu’il ne sera plus aux
affaires. Car seul Dieu est omnipotent et omniscient.
Mamadou Dian Baldé