Dans le conflit russo-ukrainien, les autorités de la transition ont choisi la neutralité, en lieu et place d’un quelconque soutien à l’un des belligérants. Cette posture de neutralité, Conakry, l’a exprimée en s’abstenant de prendre part au vote de la résolution des Nations Unies contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine. En se mettant en marge de ce choix crucial entre le pour et le contre, le gouvernement guinéen préfère sans doute ménager la chèvre et le chou, dans cette guerre voulue par Moscou. Notre pays n’est toutefois pas le seul à cocher la case des abstentionnistes, en Afrique subsaharienne. Région du monde qui compte le plus gros contingent de « non alignés », avec 7 États sur les 11, enregistrés lors de ce vote.
La Guinée figure en bonne place parmi la dizaine de pays qui
se sont gardés, mercredi, de toute prise de position lors du vote de la
résolution des Nations Unies, demandant à la Russie de stopper ses opérations
d’invasion du territoire ukrainien.
En optant pour cette posture de neutralité, la Guinée aux
yeux de certains observateurs fait preuve de réalisme politique. Avec une
transition sur le fil du rasoir, nos autorités ont dû certainement éviter de
froisser la Russie, dont la présence dans le secteur minier guinéen est très
considérable. La Russie dispose en effet dans son portefeuille minier guinéen,
de deux sociétés, à savoir Friguia et CBK. Des entreprises spécialisées dans
l’exploitation de la bauxite.
L’autre aspect qui aurait motivé cette posture de Conakry,
serait lié au grand intérêt manifesté ces derniers temps par le Kremlin, à
l’endroit de la junte. Cette dynamique de réchauffement diplomatique a été
marquée par des rencontres entre le colonel Doumbouya et des diplomates russes,
au palais Mohamed 5.
Pour une junte qui se cherche, et dont les méthodes à la
hussarde commencent à provoquer des levées de boucliers au sein de l’opinion,
vaut mieux jouer les funambules, pour tirer ses marrons du feu.
L’Union Européenne n’en tiendrait certainement pas rigueur
aux autorités de la transition. Pour n’avoir pas répondu favorablement à ses
sollicitations, de voter contre l’invasion russe. On ne peut en demander
davantage à une junte qui a déjà ouvert plusieurs fronts à l’interne. Avec des
risques d’incendies qui pointent à l’horizon.
Cette neutralité apparente ne convainc cependant pas
certains observateurs, qui continuent de soupçonner Conakry de manier
l’ambiguïté. Des soupçons alimentés par le pas de clerc diplomatique du
ministre guinéen des Affaires étrangères, Morissanda Kouyaté. Qui a commis la maladresse de suspendre M.
Charles Amara Sossouadouno, consul de l’Ukraine en Guinée. Sur la base de faits
qui restent à prouver.
Mamadou Dian Baldé