Le changement de cap gouvernemental que fait miroiter le président Alpha Condé, depuis sa réélection pour un troisième mandat, risque de finir en eau de boudin. Car vouloir se contenter simplement de discours enchanteurs, c’est comme faire des omelettes sans casser les œufs.
En bon Vrp, le chef de l’État continue de vendre son projet
de révolution culturelle, au gré de ses sorties. Cette campagne qu’il mène pied
au plancher, ne constitue pour le moment que des déclarations de bonnes
intentions, d’un président qui tente de rattraper du temps perdu. Comme si la
volonté de « Gouverner autrement », après dix ans d’une politique au fil de
l’eau, ne relèverait plus que de la gageure.
Dans cette dynamique de changement de cap gouvernemental,
amorcée par le président, à la faveur du premier mandat de la quatrième
république, Alpha Condé souffle le chaud et le froid.
En effet, dans son approche didactique du bien-fondé de la
révolution culturelle, le chef de l’État manie les petites phrases. Allant de
clichés enchanteurs à des formules acrimonieuses. Un discours manichéen qui
n’épargne même pas les propres collaborateurs du président que sont ses
ministres. Qu’il invite à retourner à leurs pénates, s’ils se refusent à
intégrer les nouveaux codes du changement.
Sous le sceau de cette fameuse révolution culturelle, le
chef de l’État répète à l’envi, la nécessité de se conformer aux règles
prescrites par le Code des Marchés Publics, afin de rompre avec les mauvaises
habitudes des marchés de gré à gré.
Dans la même foulée, le président a instruit le Premier
ministre, à mettre de l’ordre dans le capharnaüm des contrats publics, à
travers un audit, en vue d’évaluer la dette intérieure.
Une fois n’est pas coutume, même la citadelle inviolable que
constitue le monde de la grande muette n’est pas épargnée par les fourches
caudines du Professeur. Qui, la fleur au
fusil voudrait s’assurer de la solidité des ouvrages réalisés à coût de
milliards dans l’enceinte de nos casernes militaires.
L’allure prise par le train de la gouvernance aurait pu
rassurer l’opinion, si nous n’avions pas à faire à un président qui aime se
payer de mots, au lieu d’agir. Quand on sait qu’on ne peut venir à bout de la
corruption avec de bons mots, il faut se garder d’avoir la foi du charbonnier.
Comme Saint Thomas, attendons de voir à quoi toutes ces promesses
présidentielles vont mener, en termes de résultats, dans le cadre des réformes
des politiques publiques.
Sous d’autres cieux, comme en Côte d’Ivoire ou au Sénégal,
il existe des ministères de la Bonne gouvernance. Ainsi que la Haute autorité
de la bonne gouvernance. Des institutions indépendantes, dotées de moyens
conséquents, pour moraliser l’administration publique.
En Guinée, notre cher président préfère garder sous sa
botte, les quelques rares structures affectées à la lutte contre la corruption.
Des institutions sans pouvoir de police et sans moyens de leur politique.
A ce rythme, elles sont condamnées à ne simplement pas
résoudre la quadrature du cercle de la gabegie. Voyez-vous, même l’enfer est
pavé de bonnes intentions.
Mamadou Dian Baldé