L’enfer est pavé de bonnes intentions (l’Editorial de Mamadou Dian Baldé)

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  • 12 juillet 2021 08:41

  • Politique

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Le changement de cap gouvernemental que fait miroiter le président Alpha Condé, depuis sa réélection pour un troisième mandat, risque de finir en eau de boudin. Car vouloir se contenter simplement de discours enchanteurs, c’est comme faire des omelettes sans casser les œufs.

En bon Vrp, le chef de l’État continue de vendre son projet de révolution culturelle, au gré de ses sorties. Cette campagne qu’il mène pied au plancher, ne constitue pour le moment que des déclarations de bonnes intentions, d’un président qui tente de rattraper du temps perdu. Comme si la volonté de « Gouverner autrement », après dix ans d’une politique au fil de l’eau, ne relèverait plus que de la gageure.

Dans cette dynamique de changement de cap gouvernemental, amorcée par le président, à la faveur du premier mandat de la quatrième république, Alpha Condé souffle le chaud et le froid.

En effet, dans son approche didactique du bien-fondé de la révolution culturelle, le chef de l’État manie les petites phrases. Allant de clichés enchanteurs à des formules acrimonieuses. Un discours manichéen qui n’épargne même pas les propres collaborateurs du président que sont ses ministres. Qu’il invite à retourner à leurs pénates, s’ils se refusent à intégrer les nouveaux codes du changement.

Sous le sceau de cette fameuse révolution culturelle, le chef de l’État répète à l’envi, la nécessité de se conformer aux règles prescrites par le Code des Marchés Publics, afin de rompre avec les mauvaises habitudes des marchés de gré à gré.

Dans la même foulée, le président a instruit le Premier ministre, à mettre de l’ordre dans le capharnaüm des contrats publics, à travers un audit, en vue d’évaluer la dette intérieure.

Une fois n’est pas coutume, même la citadelle inviolable que constitue le monde de la grande muette n’est pas épargnée par les fourches caudines du Professeur.  Qui, la fleur au fusil voudrait s’assurer de la solidité des ouvrages réalisés à coût de milliards dans l’enceinte de nos casernes militaires.

L’allure prise par le train de la gouvernance aurait pu rassurer l’opinion, si nous n’avions pas à faire à un président qui aime se payer de mots, au lieu d’agir. Quand on sait qu’on ne peut venir à bout de la corruption avec de bons mots, il faut se garder d’avoir la foi du charbonnier. Comme Saint Thomas, attendons de voir à quoi toutes ces promesses présidentielles vont mener, en termes de résultats, dans le cadre des réformes des politiques publiques.

Sous d’autres cieux, comme en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, il existe des ministères de la Bonne gouvernance. Ainsi que la Haute autorité de la bonne gouvernance. Des institutions indépendantes, dotées de moyens conséquents, pour moraliser l’administration publique.

En Guinée, notre cher président préfère garder sous sa botte, les quelques rares structures affectées à la lutte contre la corruption. Des institutions sans pouvoir de police et sans moyens de leur politique.

A ce rythme, elles sont condamnées à ne simplement pas résoudre la quadrature du cercle de la gabegie. Voyez-vous, même l’enfer est pavé de bonnes intentions.  

Mamadou Dian Baldé

 

 

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