La contre-attaque poussive d’une Crief sourcilleuse (Editorial)

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  • 19 juillet 2022 09:05

  • Justice

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Accusée d’avoir ouvert, pour de mauvaises raisons, des procédures judiciaires, contre d’anciens apparatchiks du RPG arc-en-ciel et autres personnalités politiques, ayant servi sous la deuxième république de Lansana Conté, la Crief tente de contre-attaquer, en sortant le grand jeu, à coup de révélations. Dans cette bataille de l’opinion, où chacune des parties essaie de tirer le drap de son côté, le Procureur spécial de la Crief a levé finalement un coin du voile sur certaines affaires pendantes devant sa juridiction. Une démarche visant sans doute à détricoter les arguments de la défense, sur une éventuelle vacuité des dossiers brandis par le parquet de la Crief à l’encontre de leurs clients. Une défense qui ne désarme pas outre mesure.

Après s’être longtemps muré dans un silence monacal, le procureur spécial près la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief) est enfin sorti du bois. Histoire d’éclairer la religion de l’opinion sur le fond des chefs d’accusation de corruption, portés contre une bonne brochette de personnalités de l’ancien régime, dont l’ancien Premier ministre Kassory Fofana. Il s’agissait là d’un moment très attendu, pour une opinion qui était sur des charbons ardents. Ne sachant plus à quelle vérité se vouer, face à toutes ces allégations qui venaient nourrir la rumeur dans la cité. Sur d’éventuels cas de détournements de plusieurs milliards de fg ou de millions de dollars par des anges déchus de l’ancien système. 

Des insinuations que les avocats des mis en cause tentaient de battre en brèche, en usant d’un tropisme, consistant à mettre toutes ces interpellations sous le prisme d’un règlement de compte politique. Visant à écarter certains apparatchiks de l’ancien parti au pouvoir, de la course à la prochaine présidentielle. Du complotisme en somme. Que cette conférence de presse de la Crief vient détricoter, en mettant sur la place publique des montants siphonnés des caisses de l’État.

Dans cette tactique de contre-feu, le parquet de la Crief accuse l’ancien Premier ministre Dr Kassory Fofana des faits de détournement de plus de 46 millions de dollars us et de 80 milliard de fg. Sans citer en détail les rétro-commissions indûment perçues par l’ancien manitou du palais de la colombe. L’autre grosse huile, sous les fourches caudines de la Crief, Dr Mohamed Diané, ancien ministre de la Défense et des Affaires présidentielles, est aussi soupçonnée de s’être enrichie de manière illicite. En usant de sa position. Tout comme le président de l’Assemblée déchu Damaro Camara, épinglé en compagnie de quelques membres de son entourage, pour une affaire de 15 milliards de fg. La liste de ces fameux clients de la Crief est non exhaustive. Il y en a d’ailleurs qui ont réussi à se faire la belle, en déjouant la vigilance des limiers anti-corruption.

Ils pourront ainsi profiter allègrement du soleil d’été, du côté de l’Hexagone, leur refuge préféré. Avec l’argent mal acquis. En attendant que la justice puisse séparer le bon grain de l’ivraie, en toute équité.

A propos de cette sortie de la Crief, nombreux sont les observateurs qui pensent que le jeu en valait bien la chandelle. Pour taire les ragots et les « fake news ». C’était cependant sans compter avec la pugnacité des avocats des détenus, qui crient au scandale. En accusant la Crief de se fourvoyer dans un chemin sans issue.

Mamadou Dian Baldé

 

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