Ces déclarations, hier soir sur France 5, interviennent quelques heures après une réunion par visioconférence des ministres des Affaires étrangères européens et à la veille d’une rencontre entre le président Emmanuel Macron et trois de ses homologues sahéliens : le Nigérien Mohamed Bazoum, le Tchadien Mahamat Idriss Déby et le Mauritanien Mohamed ould Ghazouani.
« Le président de la République a souhaité que l’on se
réorganise, mais on ne part pas », insiste Jean-Yves Le Drian. « Si les conditions
ne sont plus réunies pour qu’on puisse être en mesure d’agir au Mali, on
continuera à combattre le terrorisme à côté, avec les autres pays du Sahel qui
sont tout à fait demandeurs », a expliqué le ministre français des Affaires
étrangères.
Aux yeux de Paris, les conditions ne sont plus réunies pour
que la France maintienne son action militaire au Mali. Le maintien de la junte
militaire au pouvoir et l’arrivée des mercenaires russes de Wagner, que
Jean-Yves Le Drian estime au nombre de 1 000 aujourd’hui, semblent constituer
des lignes rouges qui ont été franchies.
La crise avec le Mali impose à la France un difficile jeu
d’équilibriste. Après un long travail diplomatique français, une dizaine de
pays européens sont aujourd’hui mobilisés dans la « Task Force Takuba », ce
groupement de forces spéciales qui devait prendre la relève de Barkhane.
L’annonce d’un retrait du Mali mettrait donc un terme à une expérience unique,
dont se targuait Paris.
Une source proche de l’Élysée affirme que les pays
partenaires souhaitent poursuivre cette expérience, mais où ? Le Niger, qui
accueille depuis novembre 2020 un poste de commandement avancé de Barkhane et
de ses partenaires sahéliens, est peu séduit par l’idée. La Mauritanie a
maintenu, jusque-là, une certaine neutralité vis-à-vis de la situation
malienne.
Quant au Burkina Faso, l’incertitude reste grande depuis le
coup d’État du 24 janvier. Bien que l’état-major français multiplie les appels
du pied en communiquant, ces dernières semaines, sur les succès militaires de
l’armée burkinabè, soutenue par Barkhane, la junte ne s’est, pour l’heure, pas
exprimée. Le lieutenant-colonel Damiba, récemment promu président, n’a en tout
cas pas été convié à la rencontre de demain entre Emmanuel Macron et trois de
ses homologues sahéliens.
Avec RFI