Le 61ème sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est contenté pour la énième fois d’adresser des recommandations à la junte guinéenne, en lieu et place de sanctions, au grand dam des contempteurs du pouvoir de Conakry. Quand on sait que ceux qui ne peuvent plus voir les autorités de la transition en peinture, s’attendaient certainement à ce que l’enfer s’abatte sur leur tête. Comme de parfaits coupables des péchés les plus sordides de pandémonium. Mais au lieu du bâton, la coterie d'Accra a préféré la carotte. Une attitude jugée accommodante par certains observateurs, même si la grand-messe a rejeté les 36 mois, proposés comme durée de la transition. Renvoyant ainsi la junte à mieux se pourvoir.
Pour avoir
réussi à échapper à la colère des « dieux » de la Cédéao, le régime de Conakry
peut boire du petit lait. Car la date fatidique du 3 juillet est désormais
derrière nous. Des sanctions, l’organisation régionale s’est gardée d’en
décréter contre les dirigeants guinéens.
De quoi
mettre du baume au cœur du Cnrd, déjà en proie à des feux nourris d’une
opposition qui s’est formée contre la gestion de la transition. Ceux qui
s’étaient donc empressés de sonner trop tôt l’hallali, ne peuvent que faire grise
mine. Vu que pour la énième fois, la Guinée est passée entre les gouttes.
Le sommet
des chefs d’État continue en effet de ronger son frein, malgré le climat rendu
délétère par les 36 mois, adoptés comme durée de la transition par le Cnrd. Un
chronogramme qui est loin de faire l’unanimité au sein de la classe politique.
La société civile n’est pas en reste dans ce concert de désapprobation anti
chronogramme. Si l’on s’en tient aux coups de boutoir du Fndc contre le Cnrd,
pour faire pleurer dans les chaumières.
Mais la
Cédéao qui se veut sans doute plus réaliste, s’est abstenue de toute démarche
coercitive contre la Guinée. Pour ne pas exciter davantage la défiance entre
les parties prenantes au processus de transition.
Des sources
diplomatiques prétendent que le recours aux sanctions à ce stade de la
transition, n’auraient fait qu’annihiler les efforts entrepris récemment par le
Premier ministre Mohamed Béavogui, dont l’initiative en faveur de pourparlers
inter guinéens, en vue de parvenir à un modus vivendi entre les acteurs
sociopolitiques est à encourager.
Ce nouveau
cadre de dialogue étant aux yeux de la communauté internationale comme une
sorte de gage de bonne volonté de son gouvernement, pour une gestion apaisée et
inclusive de la transition. En plus, la désignation d’un nouveau médiateur, en
remplacement du Ghanéen Ibn Chambas, à la demande de la junte, ne pourra que
rehausser le niveau de cette plateforme.
Sans oublier
que Conakry a dû aussi faire jouer la diplomatie pour s’attirer les préjugés
favorables de certains ténors de l’échiquier international. C’est le cas
notamment des Nations Unies, dont le soutien à la Guinée lors de ce sommet,
n’aura pas été vain. C’est important de le souligner. La visite du Représentant
spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau pour l’Afrique de l’Ouest et le
Sahel (UNOWAS), Mahamat Saleh ANNADIF, aux autorités de la transition, à la
veille de réunion d’Accra, pour un bilan d’étape aura sans nul doute eu tout
son pesant dans la balance.
Mamadou Dian Baldé