Le réajustement des prix des produits pétroliers à la pompe survenue à partir de ce 1er juin, est tombé comme un cheveu sur la soupe des automobilistes guinéens. Cette mesure prise de manière abrupte, en cette période de crispation sociopolitique, ne pouvait que produire des réactions en chaîne. Entraînant du coup des levées de boucliers dans certains quartiers, réputés pour leur esprit réactionnaire. Des quartiers acquis à une opposition qui ne pourrait que s’engouffrer dans la brèche ouverte par cette hausse des prix des produits pétroliers. La conjoncture étant plus que jamais favorable à une récupération politique de ces mécontentements populaires, par une classe politique, en proie au doute et à la mélancolie, depuis un certain temps.
La hausse des prix des produits pétroliers à la pompe
survenue dans la soirée du mardi dernier, a entraîné des mouvements d’humeur le
long de certaines artères de la cité, dès le lendemain. Avec des rues
barricadées par des bandes de jeunes, notamment le long de l’axe
Hamdallaye-Cosa, le long de l’autoroute le Prince. Des manifestations
sporadiques, en guise d’exutoire pour ces citoyens, mécontents de cette
augmentation du litre de carburant, qui est passé de 10 à 12 mille francs
guinéens. Des citoyens qui ne comprennent pas ce tête-à-queue d’une junte qui,
après avoir revu le litre à la baisse, au lendemain de la chute d’Alpha Condé
revienne à la charge, pour faire les poches de ses citoyens. Surtout que les
populations auront été prises de court, sans aucune communication didactique de
la part du gouvernement, en vue de préparer les esprits à cette mesure
crève-cœur. Un gouvernement qui s’est contenté du service après-vente, pour
limiter la casse.
C’est cet exercice d’équilibriste que le ministre du Budget
a tenté à partir de la cité minière de Siguiri, où il séjourne dans le cadre de
la tournée gouvernementale, pour louer les efforts de l’État guinéen, qui
aurait consenti d’énormes sacrifices en renonçant à ses parts de taxes
pétrolières. Avant que la crise ukrainienne ne vienne porter un sérieux coup à
l’embellie du secteur pétrolier. Une situation qui aurait rendu inéluctable le
réajustement des prix à la pompe. Au risque que le statu quo ante n'entraîne un
déficit de 3000 milliards de fg dans le trésor guinéen.
Bien des gens pensent que l’opinion aurait pu être réceptive
à ce genre de discours, en amont. Mais pas après que le couperet ne se soit
abattu sur la tête des citoyens. Cette mesure impopulaire ne pourrait que
mettre de l’eau au moulin des acteurs politiques opposés au CNRD. Prompts
qu’ils sont à chercher la petite bête partout.
Mamadou Dian
Baldé