Après la chute du président Condé, perçue comme un cadeau du ciel, son opposition d’alors, restée longtemps en jachère, a retrouvé comme par enchantement, tous ses réflexes. Si elle ne tarit pas de louanges à l’endroit du colonel Doumbouya, le tombeur du professeur, cette classe politique, désabusée, pour avoir passé plus d’une décennie à avaler des couleuvres, n’entend cependant pas rater ce qu’elle considère comme une œuvre de la providence. C’est ce qui justifierait ces sorties au vitriol contre la junte, dont ne se privent plus Cellou et Sidya, pour ne citer que ces deux têtes de pont. Des attaques au relent de mise en garde contre des velléités de confiscation du pouvoir par les autorités de la transition.
« Quand le chêne est tombé, chacun se fait bucheron ». Cette
citation du dramaturge Ménandre sied bien à l’ambiance qui a cours en cette
période de césure, dans notre pays. Où l’ancienne opposition a repris des
couleurs et entend jouer les premiers rôles, maintenant que les chantres du
troisième mandat et leur « champion » ont été réduits à leur petite expression,
par le colonel Doumbouya, la fleur au fusil.
Pour se faire de la place dans le processus de transition,
la classe politique tente tant bien que mal de se serrer les coudes. Histoire
de faire renaître les forces vives de leur cendre. Seule alternative pour
contrer toute velléité émanant du CNRD, qui pour le moment continue d’avoir la
haute main sur la transition. Tout en restant assez évasif voire flou sur le
chronogramme de la transition. Cette patate chaude a été d’ailleurs refilée au
CNT par la junte. Il lui revient donc à cet organe législatif de trancher sur
cette épineuse question.
De quoi hérisser le poil à certains leaders politiques.
C’est le cas de Cellou Dalein Diallo, dont le parti tient désormais le haut du
pavé dans le landerneau, après l’éviction d’Alpha Condé. Et qui a fini par
sortir de ses gonds, après avoir déroulé le tapis rouge au colonel Doumbouya.
Dalein qui a fait part de sa déception, sur la composition du CNT, lors d’une
récente sortie devant ses militants, a aussi, dans la même veine, invité les
autorités de la transition, à ne pas céder le pouvoir à celui qui n’aurait pas
gagné la prochaine présidentielle. Et à se garder de céder au sectarisme anti
vieux.
Le leader de l’UFDG sait ce qu’en vaut l’aune. Lui, qui
durant le règne d’Alpha Condé, n’aura pas réussi à vaincre le signe indien de
la machine à perdre. A sa décharge, son parti pointe du doigt la manipulation
des urnes.
Le président de l’UFR a aussi profité de la reprise des
assemblées générales de son parti, pour mettre la junte en garde contre toute
réédition du scénario ubuesque de 2010. Cette falsification des résultats du
premier tour du scrutin, imputée par Sydia Touré au général Konaté, alors
président de la Transition. Que l’ancien Premier ministre continue de ruminer,
plus d’une décennie après les faits.
Au-delà des politiques qui appellent à une transition
courte, qui sera sanctionnée par une présidentielle juste et transparente, la
junte vient de se faire souffler dans les bronches par la société civile aussi.
Notamment le FNDC, ce mouvement hétéroclite qui était à l’avant-garde du combat
contre le troisième mandat, qui dit n’avoir aucune lisibilité dans la gestion
de la transition.
Ce sont là autant de signaux faibles envoyés au gouvernement
de transition par des acteurs et non des moindres de l’échiquier politique
guinéen. Qui, après avoir subi l’enfer sous Alpha, tentent de reprendre des
couleurs. Prêts à attaquer à la hache tout obstacle qui se dressera sur leur
chemin.
Mamadou Dian Baldé