Une mission conjointe de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et des Nations Unies est de nouveau dans nos murs, depuis ce dimanche, dans l’espoir de parvenir enfin à tirer les vers du nez de la junte. Une junte qui continue de garder l’omerta sur le chronogramme relatif au retour à l’ordre constitutionnel. Un véritable flou artistique dénoncé à cor et à cri par la classe politique et la société civile, qui s’inscrivent ainsi dans le sillage de la Cédéao. Une Cédéao qui, après l’échec de son coup d’esbroufe, au lendemain du putsch du 05 septembre, demeuré sans effet sur le colonel Mamadi Doumbouya, privilégie désormais le soft power diplomatique.
Une mission conjointe CEDEAO-ONU séjourne dans notre
capitale depuis dimanche, dans le cadre d’une évaluation du processus de
transition, entamé à la faveur du putsch du 05 septembre. La présence de cette
mission d’experts est la preuve évidente que la communauté internationale ne
dispose pas d’une boule de cristal, pour y lire l’avenir politique de la
Guinée.
D’où cette nécessité de prendre langue de nouveau avec les
autorités de la transition, en vue de leur tirer les vers du nez. Pour ce qui
se rapporte notamment au chronogramme relatif à un retour à l’ordre
constitutionnel.
Chronogramme que le CNRD n’a toujours pas dévoilé, depuis
l’éviction d’Alpha Condé.
Une omerta qui préoccupe les partenaires de la Guinée, dont
les craintes de voir le syndrome malien faire tache d’huile dans la
sous-région, notamment en Guinée. Quand on sait que les nouveaux maîtres de
Bamako planchent sur une transition d’une durée de 5 ans, au grand effroi de la
Cédéao. Ce, au mépris de toutes les sanctions prises contre le Mali. Un État de
plus en plus à l’étroit, à cause de la posture qualifiée d’autiste de la junte
malienne, dirigée par le colonel Assimi Goita.
Durant son séjour, cette délégation conduite par le
président de la Commission, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou, aura des
échanges avec le gouvernement guinéen. Mais aussi avec des organisations de la
société voire des leaders politiques.
L’objectif ultime étant de parvenir à recueillir les avis
des uns et des autres sur le processus de transition en cours. Un processus
dont le déroulement est certes salué par la Cédéao, dont la voix compte auprès
de la communauté internationale, au nom du principe de subsidiarité.
Même si l’organisation sous régionale maintient toutefois la
pression sur la junte, pour son mutisme sur le calendrier devant mener à un
transfèrement du pouvoir à un régime civil, démocratiquement élu.
Les yeux des observateurs sont donc rivés vers cette mission
conjointe, en vue de savoir si elle parviendra à tordre le bras à la junte,
pour qu’elle puisse enfin briser l’omerta sur ses velléités.
Mamadou Dian Baldé