L’inédit procès du 28 septembre est à sa troisième journée. Comme on pouvait s’y attendre, les batailles se tiennent au niveau procédural. Pour les conseils de la défense notamment les avocats du capitaine Moussa Dadis Camara, l’enjeu est de faire obtenir pour l’ancien chef de la junte un aménagement spécial comme le fait de le consigner en résidence privée.
Pour asseoir leur défense, ils évoquent son statut d’ancien
chef d’Etat et sa bonne foi dans la tenue de ce procès. Alors si le deuxième
argumentaire peut valoir au capitaine Dadis une situation « atténuante » à
l’effet notamment qu’il lui était loisible de faire retarder la tenue du procès
de trois mois comme lui en autorise la
loi, quand bien même brandit le parquet le principe d’équité, l’évocation du
statut d’ancien chef d’Etat du capitaine comme raison valable de lui ériger un
cadre ne tient cependant pas en ce sens que c’est plutôt le statut d’ancien
président qui est reconnu dans les deux dernières constitutions offrant des
privilèges comme celui de juridiction.
Or, quoiqu’il faille souligner que le capitaine Dadis comme
les dix autres accusés dans le dossier, est présumé innocent en attendant
l’issue du procès, n’est pas arrivé par la voie des urnes. L’autre vertu
justement de ce procès aussi vrai qu’elle soit moindrement mise en exergue
c’est bien que ces massacres eurent lieu dans un régime d’exception donc de discontinuité
légale. En revanche, la question d’un point de vue psychosocial, c’est-à-dire
que le capitaine Dadis éprouve de la peine à rester dans la même cellule que
celui qui a tenté d’attenter à sa vie parlant de Toumba, est objectivable.
Plus généralement, le débat sur la question carcérale mérite
d’être amplifié sous l’angle que la prison doit s’humaniser à l’effet non
seulement des conditions de détention mais du point de vue de la surpopulation
carcérale, laquelle situation compromet la visée réparatrice et correctionnaire
du séjour en prison et pose par conséquent le risque de radicalisation par
exemple de mineurs quelquefois qui se trouvent dans les mêmes secteurs que des
bandits de grand chemin. C’est pourquoi il faut très rapidement travailler au
désengorgement de la prison de Kaloum en hâtant le projet de construction de la
prison de Dubréka.
Kabinet Fofana